Publié chez
Québec Amérique le 31 mars 2025
240 pages
Lu en format
papier
4e
de couverture
Émilie m’a offert
d’aller habiter chez elle. Elle a un tout petit logement pas cher dans
Saint-Sauveur. Ma chambre n’en sera pas vraiment une, car il n’y a pas de
fenêtre, mais c’est assez grand pour un matelas et deux ou trois meubles. Ça
représente l’ensemble de ce que je possède de toute façon. J’ouvre le coffre
arrière : ma vie entière tient dans une Lumina Van. Un matelas double sur le
toit, sans base de lit, une guitare, un ghettoblaster, deux petites commodes et
des sacs verts remplis à l’aveuglette quelques jours plus tôt.
Audrey, une
étudiante de 19 ans, galère entre ses études qui n’ouvrent pas tant de portes
et son travail à La Belle Province. Le rêve qu’elle ose à peine nommer est
d’être chanteuse, mais les opportunités ne sont pas toujours aussi excitantes
qu’il n’y paraît. Ce qui ne va pas l’empêcher de les saisir à chaque fois,
parce qu’elles se font rares. La note de passage, c’est la quête d’identité
d’une drôle de petite bête qui se laisse porter par les événements, les
décisions impulsives et ses amis colorés.
Mon avis
Pour un premier
roman, il est bien écrit. Toutefois, je n’ai pas accroché autant que je
l’imaginais. La musique est une partie importante de ma vie, mais quelque chose
dans le caractère d’Audrey a fait en sorte que je me suis moins reconnue en
elle que je le pensais.
L’auteur a fait
un excellent travail pour démontrer les complexités de percer dans ce domaine.
J’ai noté une bonne touche de réalité. Audrey doit non seulement chercher une
façon de réaliser son rêve, mais elle se questionne sur sa vie amoureuse avec
Martin. Un petit indice, il n’est pas aussi gentil que je le croyais au
commencement.
J’ai adoré replonger
dans l’univers de la musique du début des années 2000, si vous souhaitez des
suggestions, vous allez en trouver en parcourant l’œuvre. J’écoutais souvent
les mêmes groupes, alors j'ai découvert des nouveaux avec les mentions
d’Audrey. J’ai apprécié renouer avec Natalie Imbrulia et Alanis Morissette.
J’étais à peine
plus jeune que la protagoniste dans ces années, alors j’ai passé par des étapes
semblables concernant les questionnements et le monde du travail. Je crois que
ceux qui ont connu le premier album de l’auteure apprécieront le roman.
Extraits
Si je regarde ton
CV, je vois que t’as pas d’expérience dans la vente ni dans la musique,
finalement. C’est bien ça ?
En fait non, pas
en tant que tel. Mais je suis musicienne, par exemple. Je joue de la guitare et
j’écris mes chansons. Et je suis vraiment une mélomane. (p.16)
Je ne m’attendais
pas à ce que ça aille si vite, mais en même temps, je suis soulagée. Jusqu’à
présent, l’histoire m’a démontré que je chante mieux que je me débrouille en
entrevue. Je sors ma guitare de son étui. J’opte pour Hand In My Pocket
d’Alanis Morissette. (p.48)
Dans l’auto, je
trouve Martin silencieux. Je lui demande si tout va bien. Last Kiss de Pearl
Jam joue à la radio. (p.79)
Sans effort, j’ai
toujours été excellente en français. Depuis le jour où j’ai appris à lire, j’ai
toujours eu un roman en cours. Il parait que ça aide à développer le
vocabulaire, et qu’à force de voir des mots sans faute, ça s’imprime quelque
part dans notre cerveau. Des revues j’aime lire et des récits jeunesse de la
courte échelle, je suis passée aux histoires d’horreur de la série Frissons et
j’ai ensuite dévoré tout ce qu’à écrit Mary Higgins Clark. (p.97)
Je regarde
MusiquePlus depuis que je suis jeune, les périodes où ma mère payait les
factures pour le câble. Je suis étonnée de constater à quel point c’est plus
petit que je pensais. (p.165)
Je peux bien
fanfaronner : j’ai encore une fois le visage noyé dans les larmes. Don’t
meet your heroes, qu’ils disent, même les petits. Si jamais un jour, comme Once
I Was The One Killed, je réussis à toucher des gens avec ma musique, je jure de
tout mettre en œuvre pour faire mentir l’adage. (p.181)