jeudi 3 avril 2025

Les ombres d’Août de Marie-Pier Favreau-Chalifour

 

Publié chez VLB Éditeur le 10 mars 2025

216 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Je couve l'événement en le gardant intact, au fond de moi, en le nourrissant de mes spéculations et de mes peurs. Sans me l'avouer, j'imagine qu'un jour, il sera enfin prêt à vivre sa vie. Je lui donne un âge. Cela veut dire que je le commémore, peut-être. Ça fait dix-huit ans que c'est arrivé.

La narratrice est seule chez elle. Le souvenir trouble d'une journée d'été affleure à ses pensées. Qu'a-t-elle a vu, à douze ans, dans ce sous-sol de bungalow? Plongée dans une sourde rumination, elle se demande si les femmes et les filles sont jamais à l'abri
du désir, des dangers qu'il comporte.

Mon avis

Même si le livre est court, j’ai éprouvé de la difficulté à embarquer dans l’histoire qui demande énormément de la concentration avec les retours entre le présent et le passé. Je recommande de créer une bonne ambiance pour bien comprendre.

Comme la protagoniste a une relation compliquée avec sa mère, que je trouve froide, j’ai pu connecter à ce sujet avec elle. On voit qu’elle vit avec un traumatisme qu’elle traîne depuis plusieurs années et qu’elle ne se lie pas facilement même avec K, son petit ami. On remarque qu’elle tient à lui, mais elle se distancie bien qu'il fasse son possible pour lui améliorer la vie.

La protagoniste demeure mystérieuse jusqu’à la toute fin. J’avais hâte de découvrir ce qu’il s’était passé le soir où elle gardait. Malgré tout, je trouve qu’elle s’en est bien sortie et ses défauts gardent l’histoire intéressante.

Par contre, je n’ai pas du tout aimé sa mère qui me donne froid dans le dos juste à l’imaginer. Je vous avoue qu’on se retrouve loin de la matriarche que l’on voit habituellement dans les romans.

Je recommande de ne pas être fatigué pour le lire, mais le livre est bien écrit et plusieurs chapitres m’ont rejoint. Je crois que cela risque d’être le cas pour plusieurs même si la narratrice vit des événements hors du commun.

Extraits

En naviguant sur mon ordinateur portable, j’ai trouvé facilement la vidéo que je voulais revoir. Avant de la visionner à nouveau, je me suis installée dans la salle à manger, en prenant soin de tirer les rideaux. J’ai aussi baissé le volume au minimum, juste assez fort pour que je puisse entendre la bande sonore. (p.9)

Nos mères. Dans notre enfance, il faut les supporter, puisqu’on n’a pas la force d’avoir le dessus sur elles. Plus tard, on les évite, car on n’a toujours pas la force d’avoir le dessus. Les mères sont intouchables. Elles sont saintes. Quoi qu’elles fassent, elles sont toujours protégées par leur aura de mère. On peut s’en plaindre, à condition de porter contre elles des accusations qui soient sages. (p.16)

Je pourrais fuir maintenant. Quitter cette famille qui m’est insupportable à cause de son bonheur. La proximité qui y règne ne cesse de me rappeler qu’il existe un point de non-retour, un point au-delà duquel l’amour dépasse les limites et tombe dans l’horreur. Je reste malgré tout, car je sais bien, au fond, qu’ils ne sont coupables de rien. (p.22)

Je ne désirais pas réellement devenir propriétaire. C’était une décision stratégique. Je voulais signifier à mon entourage que j’étais capable d’indépendance, d’avancer socialement. J’avais peut-être un retard apparent dans la vie-je n’ai jamais occupé un emploi stable, je n’ai pas eu de conjoint sérieux avant K., et j’ai obtenir mon permis de conduire à l’âge de rente ans, mais cela ne m’empêchait pas d’acquérir une propriété et de m’assurer ainsi une sorte de sécurité financière. (p.25)

Le fait de travailler à la maison me permet de mieux préparer le rôle que j’ai à jouer quand je sors de chez moi, que ce soit pour une réunion mensuelle, pour voir le médecin ou me rendre à la pharmacie. Je peux choisir à l’avance ce que je vais porter, répéter mes répliques comme une actrice, ma façon de me présenter face à mes « adversaires ». Je visualise surtout mentalement mon arrivée dans une pièce où je sais à l’avance qu’il y aura des gens avec qui je devrai interagir. (p.40)

 


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