jeudi 25 juillet 2024

À l’orée de la frontière d’Esther Gagné

 

Publié chez les éditeur Réunis le 27 février 2024

376 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Beauce, 1925. Adélia Tessier, 25 ans, s’installe à Saint-Théophile, un village à la croisée des chemins entre la Beauce et le Maine. Grâce à ses talents de sage-femme et de soignante, elle réussit à se tailler peu à peu une place dans la communauté, où elle vit très modestement et en solitaire – c’est le prix qu’elle accepte de payer pour son indépendance. Au coeur des liens qui se tissent dans cette zone frontalière, elle doit composer avec Achille Fortier qui, sous le couvert d’une compagnie de transport, fait de la contrebande d’alcool vers les États-Unis. Généreux, Achille aide les paroissiens, allant même jusqu’à payer la jeune femme pour les soins qu’elle leur prodigue.

Un nouveau curé, l’abbé Provost, arrive dans la région, avec pour mission de remettre dans le droit chemin ceux qui trempent dans les activités illicites. N’ayant pas pris mari, Adélia est aussi dans sa mire. Sa vie prend un nouveau tournant lorsqu’elle rencontre Daniel, un guide de chasse et de pêche d’un peuple autochtone du Maine, avec qui elle se lie dans le secret, craignant pour sa réputation. En dépit des barrières que les moeurs sociales et religieuses dressent entre eux, Adélia choisira-t-elle d’affronter son destin et de suivre son amoureux au-delà de la frontière ?

Mon avis

Dès les premières pages, on remarque l’ampleur et l’influence qu’avait la religion catholique au Québec durant les années 20. Le seul point positif que j’ai noté est que Adélia a appris les bases pour devenir sage-femme avec les sœurs. Toutefois, ce n’est qu’en pratiquant avec un médecin qu’elle a pu obtenir un diplôme, ce qui est extraordinaire pour l’époque. Le contexte historique prend de l'importance dans le livre, mais ce n’est pas comme assister à un cours.

Je donne mon étoile du match à Adélia, qui ne ressemble pas à ce que l’on retrouve dans les romans. Bien qu’elle soit amoureuse, elle n’est pas obnubilée par ses sentiments et désire apprendre. On voit qu’elle apprécie aider les femmes à donner naissance et soigner les gens. Achille n’est pas blanc comme neige, mais il a bon cœur en souhaitant soutenir Adélia. C’est mon deuxième personnage préféré, car il ajoute du piquant à l’histoire et j’adore comment il agit lorsqu’il est amoureux, bien qu’ils doivent se cacher.

Daniel est un personnage hors du commun. Au commencement, il me laissait un peu indifférente. Adélia en sait peu sur lui et n’ose pas trop lui poser des questions sur sa vie aux États-Unis. J’admire l’indépendance de la protagoniste, mais on remarque qu’elle souhaiterait en apprendre davantage avant d’aller de l’avant dans cette relation. Heureusement, on voit qu’elle s’approfondit avec le temps.

Si vous aimez la romance historique, je vous le recommande. C’est le premier livre que je lis de cette auteure et j’ai été agréablement surprise par la qualité de l’écriture et des personnages.

Extraits

J’étais à Saint-Théophile depuis septembre. J’y avais trouvé une liberté comme je n’en avais jamais connu, et j’y tenais. J’y tenais tellement fort que je préférais rester vieille fille. (p.35)

Le règlement du Bureau d’hygiène publique, ça lui coulait sur le dos comme l’eau sur le dos d’un canard. Le Dr Reid, lui n’avait aucune illusion sur le Bureau. Les villages n’avaient pas les moyens d’appliquer le règlement. Et tant que la qualité de l’eau ne serait pas contrôlée, tant que les fosses d’aisances seraient construites trop près des maisons, c’était une bataille perdue d’avance. (p.44)

Pendant toute mon enfance, ajoutai-je, et ma jeunesse, j’ai baissé la tête, et j’ai dit « oui, ma sœur », « oui, madame ». Ici, je peux marcher la tête haute, et je vis de me métier. (p.116)

Non. Je suis toujours occupée. Je sais que ça peut paraître triste, une vieille fille qui vit seule au bord d’un bois. Je suis libre. Ça compte énormément pour moi. (p.197)

Elle appartient à la musique. Elle appartient à un monde qui n’est pas le nôtre. (p.213)


lundi 22 juillet 2024

Les dessous de la chambre noire de Margherita Gabbiani


Publié chez Hugo Poche le 3 juin 2024

667 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Depuis les événements qui ont ébranlé la Galerie six mois auparavant, Anton perd pied et tente d’oublier ses vieux démons en se noyant dans l’alcool et le sexe.

La situation empire lorsqu’un mystérieux corbeau lui envoie des lettres de menace. Pour assurer sa sécurité, il accepte un compromis qui ne l’enchante guère : laisser Helena, la garde du corps et protégée de son père, emménager avec lui.

Mais la jeune femme cache ses propres secrets, et si Anton accepte son aide pour découvrir les dessous de l’affaire, il ne compte pas lui faciliter la tâche. Il la provoque, elle lui résiste… Jusqu’au jour où Helena décide de se prêter au jeu.

À mesure que le danger se rapproche, leur attirance se renforce.

Mon avis

C’est le premier livre que je lis de cette auteure. C’est une suite, mais je dirais qu’il se lit indépendamment du premier tome. J’ai pu comprendre l’histoire sans trop de problèmes. C’est un roman qui m’a sortie de ma zone de confort. Je le recommande pour le public adulte averti et encore mieux pour ceux qui aiment les récits érotiques puisqu’il contient plusieurs scènes intimes détaillées.

J’ai bien aimé les deux protagonistes avec leurs forces et leurs faiblesses qui ne ressemblent pas à ceux que je retrouve dans la romance. Elles ne sont pas trop nombreuses et ajoutent du piquant, mais elles ne pourraient convenir à tous. J’ai une légère préférence pour Héléna qui est mystérieuse au commencement et se dévoile peu à moi. C’est le personnage qui réserve le plus de surprises aux lecteurs.

Je n’appréciais pas Anton dans les premiers chapitres, mais j’ai décidé de lui donner une chance. J’espérais découvrir les raisons du pourquoi il s'est retrouvé dans de tels draps et il m’a gardé en haleine jusqu’à la toute fin.

Le personnage que j’ai le moins apprécié est Dominik, mais c’est celui qui ajoute le plus d’action au roman. Je ne peux pas rien vous dévoiler. Toutefois, c’est lui qui arrive en deuxième place pour les personnages les plus intéressants. C’est le genre d’antagoniste que j’adore voir dans les livres. Il est très complexe et l’histoire ne sera pas la même sans lui.

J’ai dû prendre quelques pauses, car le format poche contient plus de 600 pages et même pour moi, c’est difficile de le parcourir d’un seul trait et je devais aussi digérer l’information que je lisais avant de poursuivre. Heureusement, les chapitres démontrent les deux points de vue des protagonistes et sont courts en se terminant régulièrement avec un punch. Je recommande d'attacher sa tuque avec de la broche pour se rendre jusqu’à la fin.

Extraits

Mais n’oublie pas que c’est parfois les personnes que l’on croit le mieux connaître qui nous surprennent le plus..dans le bon comme dans le mauvais sens. Il me semble que tu en as toi-même fait les frais, non? (p.68)

Que ce soit clair, La Galerie n’est pas une simple maison close. Ce qu’on fait ici, â va bien plus loin que de la prostitution. Les gens qui viennent nous voir ont envie d’explorer leur plaisir, de donner vie à leurs fantasmes. On vit dans une société où le sexe est tabou, où chaque différence est scrutée et jugée. C’est regrettable. Le sexe n’est pas malsain. Tout le monde éprouve du désir. C’est le souffle créateur qui régit le monde : sans ça, les hommes n’auraient aucune ambition, aucun objectif, et ils ne se donneraient pas les moyens de s’accomplir pleinement. (p.117)

C’est une romance historique, rétorqué-je en levant les yeux vers lui. Moque-toi si tu veux, je me fous de ton avis. Ces romans sont géniaux. (p.179)

C’est parce que tu compliques trop les choses. La plupart du temps, les gens ne comportent pas cinquante nuances, et même s’ils ne sont pas tous simples, il y a souvent les gentils, les méchants. Le bien et le mal. Les choses qui rendent heureux, celles qui rendent tristes. Ces gaufres sont nettement en train de se hisser dans la première catégorie. (p.261)

Ça m’emplit d’une mélancolie douce-amère. Certaines histoires sont faites pour durer, pour nous faire grandir et s’épanouir malgré les difficultés et les épreuves. Mais ce n’est pas le cas de la nôtre. Il ne reste plus rien de nous, en dehors de nos souvenirs et nos regrets. (p.268)

samedi 20 juillet 2024

Le cœur entre mer et ciel de Mélanie Fortin


Publié chez Le Dauphin Blanc le 21 novembre 2018

360 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Ludivine et son fils, Joseph, ont un don : celui d’aider les âmes à passer dans la lumière. Joseph voit les morts, tandis que Ludivine les ressent et reçoit des messages. Ils forment une équipe dont le lien est infiniment fort.

Mais Ludivine aide les gens plus qu’elle ne s’aide elle-même. Malgré ses nombreuses pirouettes quotidiennes, malgré ses efforts pour plaire à chacun et maintenir sa vie en place, tout semble se briser en mille morceaux. Après avoir à maintes reprises tenté d’ignorer les appels de son âme pour renouer avec elle-même et apprendre à s’aimer enfin, elle sera invitée à faire confiance à l’Univers, au lieu de tenter de tout contrôler pour ne pas souffrir.

C’est par un chemin inattendu que la Vie l’amènera à guérir une blessure d’âme qu’elle porte en elle. Provenant d’une vie antérieure, cette blessure remettra Ludivine face à une grande histoire d’amour qui dépasse l’existence terrestre.

Un grand roman qui nous plonge dans l’univers de la découverte de soi, des blessures de l’âme, des vies antérieures et du monde spirituel. Une invitation pour chacun de nous à renouer avec notre être profond. Une histoire qui se vit!

Mon avis

C’est un roman beaucoup plus ésotérique que ces deux premiers romans, mais il y a quelques phrases qui m’ont marquée, car je me retrouve dans la même situation que Ludivine au niveau professionnelle et amoureux.

Le livre risque de ne pas convenir à tous, mais même si je ne suis pas aussi croyante au niveau spirituel que Ludivine, certains moments m’ont touchée et qui m’ont donné envie de poursuivre ma lecture. Elle est une excellente mère de famille. D’ailleurs, je crois que plusieurs mères pourront se reconnaître en elle. Elle veut le meilleur pour son fils et se sent coupable de le quitter pour partir à Cuba. Ses relations avec sa meilleure amie et son entourage m’a aussi marquée. Sans être parfaite (surtout la façon dont elle agit avec Étienne), elle pourrait être une inspiration pour plusieurs femmes.

Mon passage préféré est lorsqu’elle visite Cuba. Cela m’a donné la chance de voyager à peu de prix, mais c’est surtout sa rencontre avec son âme sœur et tout ce qui touche la plongée qui sont les points forts de ce périple entre amies.

Les chapitres sont courts et apportent à l’histoire. Je n’avais même pas remarqué que l'œuvre contenait presque 400 pages. Quand on mentionnait les anges ou de parler aux morts, j’ai un peu décroché. Toutefois, il m'arrive de le faire au moment de prendre des décisions importantes comme Ludivine au commencement du livre. Si vous vivez une période de questionnement, je vous le recommande.

Extraits

J’ai des ecchymoses sur mon corps depuis des mois. Je m’amuse à compter les bleus quand je prends mon bain. Vingt-trois. J’en ai compté 23 cette semaine. Mon médecin ne trouve rien, et je sais pourquoi. Je garde trop de douleur en moi, de culpabilité, de colère, de peine et de peurs, et mon corps me crie. Je somatise ma vie. Et je sais que bien avant que ce soit mon corps, c’était mon âme. Je ne l’ai pas écoutée. Tout ce que je savais faire, c’était écrire des poèmes et faire semblant que cela était inventé. (p.20)

Oui, tu m’étouffes avec tes limites, tes idées toujours trop arrêtées, ton entêtement, ton manque d’aventure. Tu m’étrangles avec ta vie réglée comme du papier à musique jusqu’à la retraite que tu arrives à voir tant ta route est droite ! Comment fais-tu pour être si heureux entre des lignes droites ? Pourquoi ai-je besoin de dépasser des lignes et de mettre de la couleur partout ? J’ai besoin de les mélanger, d’ajouter de la colle et des brillants. Mais toi, tu caches mes pinceaux, tu me dis que c’est trop. (p.22)

Vous n’aimez pas le rythme effréné de la vie moderne…vous préférez la tranquillité, la nature, le silence et la contemplation. Vous êtes rêveuse, parfois même une autopiste..Vous êtes authentique. Votre beauté et votre charme font des jalouses, mais vous ne vous rendez pas compte de cela. Vous avez un cœur pur. Vous êtes une artiste aussi.  (p.31)

Je suis de celles qui croient que tout arrive pour une raison. Il n’y a pas de hasard. (p.120

Ton voyage sera beau..ton évolution rapide. Ne reviens pas en arrière, ne regrette pas tes décisions. Tu défais des liens pour ton évolution personnelle. Ludivine. Tu ne dois pas retourner en arrière. (p.131)

Tu ne sais pas ce que les mots veulent, parce que tu les retiens. Laisse-les couler hors de toi : même si tu pleures. Ecris. Ils te diront le chagrin, mais aussi ce qu’il y a eu de vrai, de beau, de grand. Tu y retrouveras des rires, pas seulement de la douleur. Tu ne dois pas regarder derrière toi, tu dois regarder DEVANT TOI. (p.257)

J’ai lu un jour qu’il faut du courage pour rester avec une personne qui a affronté ses guerres personnelles et a découvert sa liberté intérieure ; parce qu’elle nous montre toutes nos ombres. Il faut être prêt à travailler. Oui, il faut quelqu’un de solide pour rester dans l’amour, plutôt que de retourner dans son petit monde connu et confortable bâti sur des illusions. (p.275)

mercredi 17 juillet 2024

La voisine de Sara Agnès L.


 

Publié chez A Éditeur le 20 février 2024

352 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Auteure érotique à succès, Caroline emménage à Paris dans un magnifique appartement qui offre une vue imprenable sur la tour Eiffel. Elle espère que l’endroit lui donnera l’inspiration nécessaire à l’écriture de son prochain roman. Divorcé depuis sept ans d’une femme qui l’a trompé à répétition, Vincent n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a beau avoir une entreprise florissante et un appartement de luxe, sa vie est affreusement terne. Se remettre en couple ? Jamais ! Son ex-épouse lui a si souvent répété qu’il était nul au lit qu’il a mis une croix définitive sur le sexe !

Mon avis

C’est l’auteure de roman érotique que je lis avec intérêt depuis que j’ai lu sa trilogie Annabelle et elle se renouvelle à chaque œuvre. Contrairement à ce que l’on retrouve dans ce genre littéraire, c’est le protagoniste masculin qui doit réveiller son intérêt pour le sexe. J’ai trouvé cela rafraîchissant et en plus Sara Agnès donne le temps à la relation de se développer avant que les scènes intimes apparaissent.

Mon étoile du match va à Vincent parce qu’il sort des clichés habituels et c’est un homme attachant. Malgré sa timidité, il ose fonce pour découvrir de nouvelles choses. J’avoue qu’il gaffe et cela ajoute à son charme.

J’ai aussi bien aimé la protagoniste et ce n’est pas juste parce qu’elle est auteure. Comme avec Carrie Bradshaw, on y va à l’excès et elle habite dans un appartement avec une vue sur la tour Eiffel. Heureusement, la littérature nous fait rêver. Je crois qu’on est plusieurs à souhaiter à vivre cette situation. Elle est entreprenante (parfois trop) et un peu irritable. Toutefois, cela rend le personnage plus réaliste. Sans compter qu’elle aime mieux porter un pyjama que de participer à des événements, c’est le point dans lequel je me suis davantage reconnue.

L’intrigue se développe tranquillement, mais chaque chapitre ajoute au récit. On voit aussi des extraits de la vie d’une auteure de roman érotique, ce qui apporte une touche réaliste à l'histoire. C’est un excellent livre à lire pendant la saison estivale.

Extraits

Pourtant, une auteure, ça ne fait pas beaucoup de bruit. Je devrais être soulagé que ma nouvelle voisine ait une telle profession. Mais elle a peut-être des tas d’amants. C’est peut-être une prostituée ? Mal à l’aise, je détourne la tête et chasse mes vilaines pensées. Malgré tout, l’idée persiste. Pour pouvoir louer un tel appartement, il faut de l’argent..beaucoup d’argent. (p.13)

Mon ex était un con. Et j’ai baisé après notre rupture, lui rappelé-je.

Tu as baisé d’autres cons, résume-t-elle. Tu as besoin d’un vrai mâle, Caro. D’un amant capable de ranimer ta libido et ta flamme littéraire. (p.24)

S’il y a une chose que je déteste, c’est me ridiculiser devant quelqu’un. Surtout une femme. Depuis que la mienne a couché avec la moitié de notre ancien quartier, je me suis juré que plus aucune autre n’allait me prendre pour un con. Et voilà que cette voisine aux multiples apparences me déstabilise avec une simple question ! (p.67)

Moi, je te trouve très courageux de me parler aussi ouvertement, lui confié-je. Et la vérité, c’est que..ça fait vraiment longtemps que je n’ai pas été aussi inspirée par une histoire. (p.119)

Au début, je publiais des nouvelles érotiques sur un site gratuit, et puis j’ai rédigé un roman. Je mettais les chapitres en ligne sur une plateforme et c’est comme ça que j’ai gagné des lecteurs. Quand j’ai terminé ce premier récit, ma copine Emma, que tu as déjà rencontrée, s’est mise à me chercher un éditeur. Elle a négocié mon contrat et elle est devenue mon agente du même coup. (p.143)

lundi 15 juillet 2024

Le garage Rose – Julienne de France Lorrain

 

Publié chez les éditions Saint Jean le 12 juin 2024

400 pages

Lu en format papier

4e de couverture

À Maskinongé, en Mauricie, au début des années 1950, Constance, Julienne et Marie-Belle sont les vedettes de cette huitième série de France Lorrain. L’auteure de La promesse des Gélinas, L’Anse-à-Lajoie et Sur la route du tabac est clairement au sommet de son art!

Après une enfance et une adolescence marquées par les moqueries et la mesquinerie, Julienne travaille maintenant chez le notaire du village et prend peu à peu confiance en elle.

À presque 23 ans, elle découvre aussi l’amour pour la première fois. Si elle est tombée sous le charme de Philémon Ouimet dès le premier regard, ce dernier, enseignant dans le village voisin, aurait préféré sortir avec Constance. Toutefois, les yeux de cette dernière, devenue mécanicienne officielle au Garage Rose, sont plutôt tournés vers son voisin… veuf, deux fois plus âgé qu’elle.

Lorsque les villageois découvrent la vérité sur cette relation, Constance craint que sa réputation n’entache le garage de son père. Elle a beau être soutenue par son amie Marie-Belle, aux yeux de Julienne, de Philémon et d’autres habitants de Maskinongé, le comportement de Constance n’est pas digne d’une bonne catholique.

Pendant ce temps, Camil, le mari de Marie-Belle, ne parvient pas à accepter la maladie de son fils; Raymond, le frère de Julienne, ne cesse de faire des choix douteux; Jacques-Robert, le père de Constance, tente de soutenir sa fille unique malgré sa déception. Puis, une épouvantable tragédie plonge bientôt le village et ses familles dans un drame bien plus lourd que les incessants commérages…

Une nouvelle série tout simplement parfaite d’une auteure qui trône désormais au sommet des ligues majeures de la saga familiale!

Mon avis

J’avais hâte de lire la suite des aventures des trois amies. Cette fois-ci, je donne mon étoile du match à Julienne et Marie-Belle. Julienne développe des sentiments pour Philémon et on sent qu’elle souhaite prendre son indépendance et devenir une femme complète. Marie-Belle m’a impressionné avec sa résilience. Elle tente de gérer les problèmes de santé de son fils, alors que son mari éprouve de la difficulté à accepter la situation. C’est elle qui doit le motiver et lui faire réaliser que leur fils va être aimé comme n’importe quel autre enfant.

Quant à Constance, autant je l’admirais dans le premier tome à cause de son féminisme. Elle m’a déçue dans cette suite. Je trouvais qu’elle était trop absorbée par ses sentiments envers son voisin, alors qu’elle avait une chance d’avoir un emploi que peu de femmes pouvaient exercer à l’époque. Elle demeure attachante, mais elle n’était pas la même que celle du début. Elle a quand même persévéré et pour cette raison, j'espère que sa vie va s'améliorer.

On ressent encore l’ambiance des années que cela soit l’importance de la religion surtout lorsque les personnages parlaient des relations intimes avant le mariage. Julienne mentionne que certaines personnes des générations précédentes ne savaient pas lire ou écrire. J’ai pensé à ma grand-mère qui a aussi dû écouter des radio-romans ou boire des liqueurs avec ses amies dans des snack-bars. L’auteure a un don pour décrire l’époque sans vous donner l’impression d’assister à un cours d’histoire.

Si vous aimez les romans historiques, je vous le recommande chaudement, mais je suggère de commencer par le récit de Constance, car ce tome-ci est une suite. J’ai hâte de découvrir l’histoire de Marie-Belle qui vit une vie davantage compliquée que ses deux amies et qui est la seule qui est mariée. Je sens que l’on ne va pas s’ennuyer.

Extraits

Tu pensais que je jouais à la mécanicienne le temps qu’un prince charmant vienne m’enlever sur un cheval blanc? C’est pas tellement mon genre. On en a pourtant discuté assez souvent depuis qu’on se connaît. Je vous ai même annoncé que ce serait bientôt officiel, l’autre jour, quand on est allées à l’exposition de Louiseville. Papa et moi, on va passer chez le notaire Lalonde la semaine prochaine pour signer les documents. Je vais pas changer d’idée maintenant. (p.15)

« J’ai quand même pas inventé la passion qui existe entre nous deux. Il suffit que je réussisse à l’embrasser de nouveau pour qu’il réalise que c’est moi, la femme de sa vie! » (p.37)

En tant que fervent unioniste, Lucien était fier du leadership de Maurice Duplessis, le premier ministre du Québec depuis 1936 et un compatriote de Trois-Rivières, qu’il considérait comme un défenseur des valeurs qu’il chérissait.

Notre relation, nos traditions, notre belle langue française, c’est ce que son parti protège. Quand une nouvelle personne arrive à Maskinongé, il faut prendre le temps de l’observer et de la questionner avant de l’accepter. (p.87)

C’est pour ça que j’aimerais qu’on informe nos familles, souffla-t-elle. On va avoir besoin de soutien. On est pas pour traîner Micheline à chacun des rendez-vous médicaux de Michel. Et je suis tannée mentir à nos parents. (p.158)

Là, tu vas arrêter de t’apitoyer sur toi-même! Michel est important. Lui et seulement lui. Notre orgueil, pas pantoute. Arrête de t’occuper de ce que le monde va penser! As-tu oublié que t’as marié la petite Indienne de Maskinongé? Si t’as réussi à passer par-dessus les qu’en-dire-t-on pour moi, tu vas y arriver pour tin fils! (p.250)

Mon entrevue avec l'auteure

Ma chronique de Constance 

jeudi 11 juillet 2024

Ce qu’on ne s’est jamais dit de Sloan Harlow


 

Publié chez les éditions Le petit homme le 10 juillet 2024

376 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Connaît-on vraiment ceux qu'on aime?

Des semaines se sont écoulées depuis l'accident qui a tué Hayley, laissant sa meilleure amie, Ella, rongée par la douleur. De retour au lycée, Ella affronte quotidiennement le souvenir de celle qui accompagnait le moindre moment de sa vie. Mais elle n'est pas seule: le chagrin la rapproche de Sawyer, le petit ami de Hayley. À tel point qu'Ella finit par développer des sentiments pour lui.

À la fois confuse et désespérée, elle espère trouver du réconfort dans la lecture du journal de Hayley, qu'elle a pu conserver après avoir aidé à ranger la chambre de son amie. Au lieu de cela, Ella découvre que cette dernière lui cachait de nombreux secrets. Y compris sur sa relation avec Sawyer, finalement pas aussi parfaite qu'en apparence.

Pourquoi Sawyer agit-il si étrangement? Qui était vraiment Hayley? À qui Ella peut-elle faire confiance?

Mon avis

Le deuil est un thème qui revient régulièrement dans mes dernières lectures et ce livre ne fait pas exception. Ella n’a que peu de souvenirs de la nuit de la mort de sa meilleure amie et plusieurs personnes de son entourage agissent bizarrement. Pour un premier roman, l’auteure nous réserve plusieurs surprises. J’en ai deviné quelques-uns à cause des pistes laissées au fil des chapitres, mais elle les a tournés à sa propre sauce.

En lisant le journal de son amie, Ella découvre qu’elle ne connaissait pas Hayley autant qu’elle le croyait. Je me suis attachée à la protagoniste qui tente de gérer la perte de sa meilleure amie, tout en ayant des sentiments pour Sawyer, le second protagoniste. Bien que l’amitié et le deuil sont les points centraux du livre, on y trouve une touche de romance qui ne fait que pimenter l’histoire.

J’avoue que j’ai éprouvé de la difficulté à aimer Hayley qui semble être une adolescente ordinaire qui ne pense qu’aux garçons, mais on voit qu’Ella tient à elle et que leur lien est fort. Même après sa disparition, Ella se sent coupable d’être attirée par son amoureux. Par contre, Hayley est le personnage qui nous réserve le plus de surprise. Je dirais que Sawyer arrive en deuxième position. Il n’est peut-être pas l’homme parfait qu’il laisse paraître. À cause de son mystère, je lui donne mon étoile du match.

Le livre est bien écrit. Je n’ai pas noté de moment mort et j’ai été captivée jusqu’à la dernière ligne. Il convient autant à une adolescente de 15 ans qu’à une adulte qui apprécie ce genre littéraire. J’ai adoré ma lecture et j’espère qu’elle publiera un second roman.

Extraits

Même si j’ai l’impression que c’était dans une autre vie, je me souviens encore comme j’étais stressée le jour de mon entrée en première. Aucune quantité d’huile d’argan ne parvenait à compenser l’humidité de la Géorgie et à lisser mes cheveux noirs frisés. Le maquillage en œil de chat qui me donnait l’air d’une femme fatale la veille me faisait ressembler au Joker dans Batman. (p.9)

Elle n’a jamais été ce que j’appellerais une mère parfaite, d’accord. Mais elle a toujours été élégante et soignée. La femme décharnée que j’ai devant moi porte un T-shirt gris troué dont le motif est tellement délavé que je distingue à peine le symbole des Atlanta Braves. Ses cheveux auburn sont plats et gras, et ses traits sont tirés par le chagrin. Même ses yeux verts ne sont plus que des puits noirs de tristesse, comme si le deuil avait modifié son ADN. (p.48)

Je ne peux pas m’empêcher de penser que quelque chose m’échappe, insiste Ella., l’air peu convaincue. Peut-être que c’est parce que je ne me souviens pas du jour de l’accident. (p.117)

Si, Sawyer, et ça s’appelle la vie. Bien sûr, je sais que tu as des trucs à faire en dehors du lycée, mais ce n’est pas une excuse pour me laisser tomber comme une grosse merde et puis me faire croire que j’ai mal interprété les signaux. (p.137)

Pas à dix-sept ans. Pas alors que j’ai décidé d’aller étudier à l’étranger, en Allemagne et de vivre dans au moins trois pays différents avant d’avoir vingt-cinq ans. Pas alors que je veux avoir la liberté de passer vingt-quatre heures d’affilée sur le site de fanfictions Archive of Our Own si ça me chante, quand j’en ai envie. (p.264)

lundi 8 juillet 2024

Trio # 3 de Nancy Bourdelais

 

Publié chez A Éditeur le 13 février 2024

301 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Madison, Gabriela et Sam n’ont rien en commun. L’une est lunatique, l’autre est sarcastique, et la troisième se croit invisible… Aucune chance, donc, a priori, qu’elles puissent s’entendre, et encore moins avoir du plaisir ensemble. Un jour, pourtant, le restaurant La Toquade ouvre ses portes dans un petit village où tous les habitants sont envieux de goûter une cuisine savoureuse. Et les trois jeunes femmes apprennent à se connaître dans un fracas de vaisselle qui s’entrechoque et de soirées bien arrosées. Rapidement, elles se lient d’amitié et entament ensemble leur quête du même grand rêve : trouver l’Amour ! Si l’appétit vient en mangeant, l’Amour vient parfois en aimant…

Mon avis

C’est une bonne suggestion si vous cherchez une lecture estivale légère et que vous souhaitez rire un bon coup. C’est ce que j'espérais trouver au moment de ma lecture puisque j’étais dans une période occupée et que la fatigue m’empêchait de me concentrer. Il entre dans le genre chicklit et l’histoire ressemble à ce que l’on retrouve dans ce genre littéraire.

J’ai bien ri, mais je pense que les personnages manquaient un peu de profondeur. L’amitié entre les trois femmes tourne surtout autour de l’alcool, des sorties et de leur vie amoureuse. C’est un livre que j’aurai davantage apprécié dans ma vingtaine. Le récit est raconté par Sam qui termine ses études universitaires et souhaite à ne pas avoir à gérer plusieurs emplois pour boucler ses fins de mois. Elle tente de se remettre de sa rupture avec son premier amour. Je vous laisse découvrir si elle y arrive. Malgré ses défauts, je l’ai trouvé attachante et ses mésaventures m’ont fait oublier mon anxiété le temps que je parcours les pages.

J’ai adoré que le thème principal soit l’amitié. Les hommes sont importants dans le roman, mais c’est le lien qui se développe entre les protagonistes qui est le point central de l’histoire. Je pense que les étudiantes se reconnaîtront dans leurs aventures.

Extraits

Je me félicite de mon indifférence face à Benjamin, mon premier amour, ma première peine d’amour..Quelques souvenirs resurgissent dans mon esprit un peu trop rapidement à mon goût. Même si un an et demi s’est écoulé depuis notre rupture, en fait depuis qu’il m’a laissée pour une certaine Jessica, nous nous voyons encore à l’occasion pour « fraterniser » ou « échanger » de bons souvenirs ou pour « conjuguer la langue à tous les temps » . (p.29)

Je suis curieuse de nature et les comportements des gens, même déviants, me fascinent. Rien ne fit que je travaillerai directement avec ce genre de personnes. Je voudrais peut-être faire une mineure en psycho, aussi, pour travailler avec des enquêteurs et dresser le profil psychologique de certains criminels. (p.95)

Personne n’est tenu de savoir que je déteste Noel et toutes ces réunions dites obligatoires pendant lesquelles je dois feindre d’être heureuse de voir toute la parenté qui débarque. Chacun est trop centré sur sa petite personne, et hypocrite. Tout le monde fait semblant de s’apprécier et discute en même temps, sans jamais s’écouter. C’est d’ailleurs tout un art de jouer ainsi la comédie ; il faut voir ça au moins une fois dans sa vie. (p.140)


À l’orée de la frontière d’Esther Gagné

  Publié chez les éditeur Réunis le 27 février 2024 376 pages Lu en format papier 4 e de couverture Beauce, 1925. Adélia Tessier, 2...