mercredi 5 juin 2024

Les disgracieuses de Claudia Larochelle

 

Publié chez Québec Amérique le 21 mai 2024

136 pages

Lu en format papier

4e de couverture

À travers ces trois récits liés par le doute, la persévérance et le désir d’émancipation, Claudia Larochelle revient sur les expériences fondatrices qui ont jalonné son parcours. Un parcours semé d’embûches, mais aussi de perles de sororité, jusqu’à sa libération grâce à la maternité et l’accueil d’une sereine stabilité.

En revenant sur ses années d’apprentissage dans une école de filles dirigée par la dernière génération de religieuses à encadrer l’enseignement privé au Québec, ses débuts de journaliste à une époque encore éprouvante pour les femmes, et son expérience des amours malsaines, elle témoigne des tensions qui pesaient sur le climat social au seuil de la révolution #metoo.

Mon avis

L’auteure a une plume hors du commun. Chaque fois que je lis une de ses œuvres écrites pour les adultes, elle réussit à me sortir de ma zone de confort tout en me faisant réfléchir. Si vous avez lu, Les bonnes filles plantent des fleurs au printemps et Je veux une maison faite de sorties de secours, vous allez avoir une idée à quoi vous attendre.

Il y a plusieurs thèmes difficiles qu’elle aborde dans ses trois souvenirs tels que le deuil, l’amitié, les relations amoureuses ainsi que celles au travail. Son deuxièmerécit explore ses débuts comme journaliste et Claudia Larochelle nous réserve quelques surprises. Le premier se déroule surtout pendant son adolescence et si vous avez grandi pendant les années 1990, vous risquez de reconnaître certains éléments. Prenez note que c’est loin d’être aussi lumineux que La vie compliquée de Léa Olivier.

Vous allez retrouver plusieurs mentions culturelles comme Nirvana, Jolene de Dolly Parton et les oiseaux se cachent pour mourir pour en nommer que quelques-unes. Toutefois, vous n’avez pas besoin de les connaître pour bien comprendre les 3 souvenirs. Je trouve que cela ajoute un peu d’agrément et allège les passages plus sombres.

Que vous veniez de découvrir l’auteure ou pas, vous ne sortirez pas indemne de la lecture de ce récit qui vous touchera directement au cœur.

Extraits

À sortir autant de cadavres de nos placards, ça faisait beaucoup de spectres en liberté sur les étages du collège. Je me demande s’il ne vaut pas mieux que certains secrets restent sous le voile. (p.18)

Beaucoup de choses allaient se passer, à commencer par quelques cachotteries et l’apprentissage salvateur des lois grégaires. J’ai trouvé une part de mon salut dans la déraison des filles. (p.22)

Je pense que si elle avait pu, elle nous aurait toutes fait adopter le crâne rasé de Sinéad O’Connor dont nous étudions Nothing compares 2 U dans nos cours d’anglais. (p.28)

En 2008, j’utilisais Facebook pour faire passer des messages subtils à mes patrons dans mes statuts publics, en espérant qu’ils me prennent sous leur aile, que par miracle, ils en soient secoués. (p.58)

Pour me soigner, j’ai adopté une chatte. Une persane blanche, folle et sourde, que j’ai appelée Ingeborg. Je ne vais plus jamais au lit avec mes clopes. Un peu grâce à cette chatte, j’ai gagné neuf vies. (p.66)

Carole rêvait au père Ralph et à Meggie Cleary, et elle restait ainsi dans un fragile équilibre., quelque part entre sa fin imminente et l’espoir de guérir. (p.74)



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