Publié chez Alto
le 4 avril 2021
220 pages
Lu en format
papier
4e
de couverture
Sous le ciel
aveuglant de Noirax sommeille une longue tradition de secrets qu’il faudra un
jour détricoter. Dans la Malmaison, les pères entretiennent depuis longtemps le
silence, nourrissent les panses et multiplient les désidératas: Pampelune,
Héléna, la Pimparela, une lignée de femmes au destin tragique. Le père est
rassuré ? le domaine est paisible, endormi. On a fermé la porte de la Maison
aux parfums de crainte que la vérité s’en échappe. Son fils, Jeanty, de retour
au bercail après une déconvenue amoureuse, entame sa propre quête identitaire.
Aliénor, une femme qui compte bien changer le cours des choses, arrive à Noirax
avide de réponses ? en même temps que la bougresse.
Mon avis
C’est le
troisième livre que je lis de cette auteure et elle me surprend chaque fois. Je
recommande de le parcourir à tête reposée, car l’écriture est complexe et vous
risquez de devoir relire certains passages. J’ai bien aimé que l’action se
déroule en France. Cela m’a permis de découvrir un univers en dehors de
Montréal ou Québec. Je n’ai pas eu la chance de visiter ce pays, mais j’avais
l’impression de vivre les mêmes sensations que les personnages. D’ailleurs,
vous allez en rencontrer plusieurs, c’est une raison de plus de déguster chaque
ligne.
Les prénoms sont
originaux, j’aurais aimé avoir l’imagination de l’auteure pour trouver ceux des
miens. Marie Hélène Poitras a mentionné dans une entrevue qu’elle avait visité
la France pendant la création de ce roman et on remarque qu’elle avait pris de
nombreuses notes. Que cela soit les animaux, les citoyens ou les habitations,
on peut imaginer l’environnement avec tous les détails qu’elle apporte. Je ne
dirais pas qu’il y en a trop pour décourager le lecteur, mais suffisamment pour
stimuler notre imagination et observer son magnifique travail d’écriture.
J’avais parfois l’impression
que les événements se déroulaient au 20e siècle, mais un passage
concernant Jeanty qui se questionne sur son genre me fait douter de l’époque. À
ma grande surprise,les ânes sont mentionnés à quelques reprises dans les
premiers chapitres. C’est rare que j’en voie dans les autres romans, mais c’est
une bonne idée pour différiencier l'oeuvre et cela allait bien avec l’univers. Vous
allez aussi retrouver certains extraits de chansons qui ont bercé votre
enfance. Je vous laisse découvrir lesquelles, mais je trouvais ça
rafraîchissant.
Si vous ne
connaissez pas encore l’écriture de l’auteure, je vous recommanderais de
commencer par Griffintown. Par contre, si vous aimez la campagne française et
que c’est un endroit qui vous inspire, je vous suggère celui-ci.
Extraits
La vérité, mon
fils, c’est que je m’ennuie, à la longue, dans cette forêt, parmi les hardes de
lapins, le fantôme de ta mère et la vue du moulin au loin. Le printemps a beau
être revenu, l’hiver m’a semblé interminable. (p. 27)
Après, il fallait
trouver le courage de se relever et de retourner voir le sculpteur dans le
hangar pour qu’il soigne les coudes et genoux écorchés. Hélèna, la désidérata
première, n’a pas été oubliée. Ni aucune de celles qui ont suivi. (p.35)
Tu cueilles les
petites fraises des bois et glisses une mûre au bout de ton doigt. Le jus
pourpre coule au bord de tes lèvres. Tu appelles ta mère en pleurnichant. Je
vais réveiller le désir en toi au point où il te faudra changer de prénom. Tu
te feras peur, tu t’égaieras, t’égareras et y prendras goût en devinant que ça
ne peut pas durer éternellement. (p.62)
Avec la venue
d’Aliénor à Noirax et à force de la côtoyer, Jeanty, déjà tenté par le
déploiement de ses envies et la révélation de sa nature, a osé quitter sa
pelure d’homme pour embrasser la femme en lui.
Jeantylle ne s’en
cache pas, elle aime les demoiselles et les soldats. Avec l’âme et le cœur
d’une désidérata, elle attend le retour de Malbrough.(p.112)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire