samedi 25 janvier 2025

Fabricant de larmes de Erin Doom

 

Publié chez Saint Jean le 15 janvier 2025

704 pages

Lu en version papier

4e de couverture

Pour Nica, dix-sept ans, l'heure est venue de tirer un trait sur son passé. Son rêve est sur le point de se réaliser : un couple est venu l'adopter. Adieu l'orphelinat et sa terrifiante légende du fabricant de larmes. Mais dans sa nouvelle maison, Nica n'est pas seule. Rigel, l'orphelin agité et mystérieux avec qui elle a grandi, a lui aussi été adopté. Et il compte bien faire de la nouvelle vie de Nica un enfer. Pour Nica et Rigel, la guerre est déclarée. Celle de la haine qu'ils se sont vouée... ou des sentiments qu'ils n'oseront jamais s'avouer ?

Mon avis

C’est le genre de Dark romance que je recommanderais à une personne qui n’est pas amateur de ce genre littéraire. Il n’est pas aussi sombre que ce à quoi je m’attendais. J’ai ressenti plus de pincement que d’habitude, mais je dirais que c’est au même niveau que Jamais Plus avec des personnages plus jeunes.

Je trouvais Nica, un peu naïve au commencement, mais elle a le don de contempler le beau lorsque la majorité des gens ne voient que du laid.  Je crois que c’est ce qui la rend aussi attachante. Elle aide les créatures que peu de personnes aimeraient aider et remarque ceux qui se sentent invisibles comme elle. Même si la vie t’a blessée (et Nica a enduré plus que son lot de blessure), c’est une qualité à ne pas perdre dans ce monde individualiste. Plusieurs fois, j’avais envie de dire pourquoi tu ne t’éloignes pas de Rigel, il ne te veut pas du bien. Elle ne l’a jamais abandonné.

Quant à Rigel, il joue le mauvais garçon pour éviter que Nice s’approche trop de lui. Il a conscience que s’il lui donnait cette chance, elle pourrait l’aider à guérir de ses blessures puisqu’ils ont vécu de nombreuses épreuves ensemble. Ce n’est pas le genre de garçon que je garderais dans ma vie, car on voit que Nica a le syndrome de la sauveuse qui peut énerver certains lecteurs, mais elle le fait qu’elle persévère et qu’il monte qu’il se protégeait aide à lui pardonner ses gestes.

Il faut être patient et aimer les longs développements, car c’est une histoire sentimentale qui contient presque 700 pages. Cela ne risque pas de plaire à tout le monde et l’action est parfois lente. Toutefois, je me suis tellement attachée à Nica, que je souhaitais découvrir ce qui allait lui arriver. L’auteur a trouvé une façon de nous garder en haleine jusqu’à la dernière ligne, mais préparez-vous à passer beaucoup de temps avec les personnages. Cela m’a pris une semaine pour le terminer avec un rythme de lecture soutenu.

Extraits

Les gens allaient chez lui et lui demandaient d’être capables de pleurer, d’éprouver une once de sentiment, parce que ce sont dans les larmes que se cachent l’amour et la compassion. Elles sont l’extension la plus intime de l’âme. Ce qui, plus que la joie, nous fait sentir vraiment humain. (p.7)

Il suspendit son geste et tourna son visage pour me fixer par-dessus son épaule. Je vis alors, un instant avant qu’il ne ferme sa porte, un sourire dangereusement cruel se former sur ses lèvres. Un sourire qui était ma condamnation.

C’est un conseil, Papillon. (p.19)

J’aime bien prendre les gens en photo, c’est intéressant de les voir immortalisés sur la pellicule. (p.34)

Je savais que j’étais différente. Je cultivais mes étrangetés comme un jardin secret dont j’étais la seule à avoir la clé, parce que je savais que la plupart n’auraient pas pu me comprendre. (p.41)

« Développez votre étrangeté légitime. »

J’avais toujours cultivé la mienne en cachette car, en grandissant, j’avais appris que la normalité était plus acceptable aux yeux des autres. Je parlais aux animaux, qui ne pouvaient pas me répondre. Je savais des bestioles que les gens ne voyaient même pas. J’accordais de la valeur à ce qui était jugé insignifiant, peut-être parce que je voulais démontrer que même les plus petites créatures, comme moi, pouvaient compter aussi. (p.102)

Le monde n’était pas habitué à voir ceux qui étaient différents, comme nous. Il nous enfermait dans des institutions pour nous oublier, il nous tenait à l’écart, dans la poussière, oubliant notre existence parce que c’était plus commode. Les gens ne voulaient pas nous avoir près d’eux, le seul fait de nous regarder les mettait mal à l’aise. (p.143)

Mais cette chenille…Eh bien, elle ne le sait pas. Elle ne sait pas qu’elle peut devenir un papillon. Si elle n’a pas envie d’être une chrysalide, si elle n’y croit pas assez. Elle ne se transforme pas. Elle reste une chenille pour toujours. (p.290)

Il avait toujours entendu parler de l’amour comme d’un sentiment agréable, tendre, qui allégeait le cœur. Personne ne parlait d’épines ou du tourment d’un regard non rendu, personne n’évoquait ce cancer était l’absence. Personne ne disait à quel point l’amour faisait mal quand il dévorait jusqu’à couper le souffle. (p.436)


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