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Biographie
Carol-Ann D.
Lebeau naît en 1992 à Notre-Dame-de-Pierreville, un petit village situé sur une
île dans le delta de la rivière Saint-François. Diplômée en langues et en
psychologie, elle est chroniqueuse pour la revue historique Nostalgie.
C’est dans les récits, les souvenirs familiaux et les rencontres qu’elle trouve
l’inspiration pour écrire l’histoire des Beaupré.
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Goélette (goelette.ca)
Questions
D’où vient ton
intérêt pour l’histoire ?
D’aussi loin que je me souvienne, cet intérêt a toujours fait partie de ma
personnalité. J’ai envie de répondre que je suis née pour voguer entre les
époques… Mes deux grands-pères étaient de grands adeptes d’histoire. Je crois
que, chacun à leur façon, ils ont nourri ce feu qui m’habitait dès le plus
jeune âge. D’un côté, j’avais un spécialiste des guerres, puis de l’autre, un
véritable conteur ! Tranquillement, les mots généalogie et descendance sont
apparus dans mon vocabulaire, tandis que je me plaisais à chercher d’où je
venais. D’une île à l’autre, du fleuve à l’océan, de l’Amérique à l’Europe. Je
me découvrais de par mes gênes, suivant le courant de mon propre sang par la
mémoire d’autres. Et sans m’en rendre compte, l’univers de Gaëlle commençait déjà
à germer en moi, comme un écho à ma propre existence, laquelle porterait la
voix de centaines d’âmes.
Quelles ont
été tes inspirations pour Le chant de la cigale ?
L’univers de Gaëlle prit concrètement naissance en 2011, au moment où on
apprenait que ma grand-mère maternelle souffrait d’Alzheimer. La pensée de
coucher sur le papier ses mémoires m’effleura, tandis qu’une pléiade
d’histoires, d’anecdotes s’entrechoquaient dans ma tête. C’est alors que l’idée
de romantiser ces bribes de vie me vint, un certain matin frisquet de décembre.
Par la force des mots, je voulais qu’elle se souvienne, l’instant de quelques
secondes, qu’elle se réapproprie un univers familier. Je commençai par écrire
ce qui deviendrait le second chapitre du roman, sans véritablement savoir où
cela me mènerait. Puis un autre, et encore un autre… J’y enchâssais de ses
propres mots, de ses propres histoires, brodant la réalité à la fantaisie. Et
comme j’adorais la faire réagir avec des personnages, tel le curé Verville, qui
avait le don de la faire grincer des dents !
Le chant de la cigale a passé plus de huit ans dans ma tête, à se faire
tourner, puis retourner sous toutes ses coutures. Il porte en lui tant de
genres humains, passés et actuels. Une véritable courtepointe de vies,
lesquelles j’ai cousues ensemble par de simples lettres. Et si les souvenirs de
ma grand-mère composent une partie du récit, l’écho de bien d’autres voix a su
le faire vibrer !
Mon inspiration première me vient de mes propres racines. Dans le roman, la
famille Beaupré possède des terres sur l’île Saint-Joseph, là où leur maison
trouve pignon sur rue. Eh bien, cette île existe vraiment, tout comme la maison
d’ailleurs, laquelle est toujours debout. Elle est, en quelque sorte, ma muse,
mon ancrage. Un premier contact avec mon univers, dont les personnages semblent
flotter de par-delà la rivière Saint-François, impatients de prendre vie sous
ma plume.
Quels défis
as-tu rencontrés pendant l’écriture du roman ?
Le temps ! Lorsque j’ai entamé ce processus d’écriture, je n’avais pas pour
but ultime d’écrire un roman. J’étais une jeune étudiante au CÉGEP qui rêvait
de vivre de sa plume, mais qui portait à bout de bras mille et un projets en
même temps. Il s’est écoulé presque une décennie entre l’écriture des première
et deuxième parties… et mon style littéraire avait bien changé entre temps. Cela
a exigé une réadaptation à un certain moment. J’avais envie de créer un univers
qui nous ferait du bien, lent, doux, ensoleillé. Je voulais que les lecteurs
adoptent les Beaupré, qu’ils entrent dans leur maison, dans leur quotidien,
qu’ils respirent le bon air de la campagne.
Quels conseils
donnerais-tu à un nouvel auteur ?
Crois en ton texte, en tes mots et concentre-toi sur ce que cela t’apporte
de positif. De mon côté, j’ai écrit un roman comme moi je les aime. Mon style
ne peut faire l’unanimité, j’en suis bien consciente. Mais lorsque je croise
des gens qui me disent à quel point mon univers les a touchés droit au cœur,
qu’ils adorent mes personnages, que ma plume les a aidés à traverser des
situations parfois difficiles, je ne peux d’écrire le sentiment de joie intense
que cela me procure.
As-tu fait des
recherches avant d’écrire Le chant des cigales ? Si oui, combien de temps,
cela t'a pris ?
Oh oui, tout un tas ! J’ai voulu rester le
plus près de la réalité possible, alors j’ai fouillé partout dans nos archives
familiales. Avec avidité, j’ai ouvert tous les albums photos,
les dossiers, les coffres de contrats anciens, espérant me retrouver dans ces
racines éparpillées. Je touchais à l’histoire, mon histoire. Celle de mes
aïeuls Landry originaires d’Acadie, dont quelques descendants, ayant vécu sur
cette île que je décris dans mon histoire, ont eu la gentillesse de me raconter
leur vie d’insulaire, isolés, dénuée de toute commodité moderne. Et je n’ai pas
été déçue !
J’ai également dû faire d’importantes recherches
sur l’époque, particulièrement en ce qui a trait à la religion. J’ai eu la
chance de rencontrer monsieur Pierre-Paul Lefebvre, un abbé à la retraite qui a
été d’une générosité sans borne. D’ailleurs, plusieurs anecdotes touchant les
personnages de James Prescott, du curé Verville et du curé Yergeau m’ont été
inspirées par ses paroles.
Est-ce que tu
écris avec de la musique ? Si oui, as-tu une chanson fétiche ?
Cela dépend des jours. J’aime écrire dehors et me laisser bercer par cette
trame sonore naturelle. Alors qu’à d’autres moments, je trouve qu’il n’y a rien
de plus inspirant qu’une bonne mélodie… sans paroles ! Sinon, je m’emmêle
dans mes propres mots ! J’aime que le rythme se marie à l’action que je
décris. Mais peu importe l’enchaînement, j’y insère toujours quelques reels
de La bottine souriante, c’est un incontournable !
Quels sont tes
prochains projets ?
J’ai plusieurs projets qui se chevauchent. J’aimerais poursuivre l’histoire
du clan Beaupré, que chaque enfant ait sa propre histoire dans un contexte
temporel varié. Que l’on puisse retourner en arrière, puis revenir, de sorte
que les lecteurs n’aient pas à lire tous les romans pour suivre la série. Je
travaille également sur un autre projet prenant place pendant les grands
conflits mondiaux, autre sujet qui me passionne. J’ai envie de toucher à
plusieurs genres, plusieurs styles… Le chant de la cigale n’est qu’un début !
Super, tu es magnifique, je suis contente de te connaître, bon succès dans tes projets.
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