jeudi 14 mars 2024

Ports d’attache – Osons révolutionner nos amitiés de Karine Côté-Andreetti

Publié chez les éditions Québec Amérique le 17 janvier 2024

304 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Créer et entretenir des amitiés à l’âge adulte est difficile. On rit jaune, résigné.e, en s’envoyant des memes et en se disant qu’on se verra quand on sera moins fatigué.e. L’amitié est un amour durable sous-estimé. Qu’est-ce qu’on gagnerait à l’utiliser comme pilier pour reconstruire notre vie intime, collective et politique ?

Mon avis

J’avais envie de sortir de mes lectures habituelles et l’amitié est un sujet qui m’intéresse spécialement après avoir remarqué que les relations se sont beaucoup dégradées au cours des dernières années. On ne se le cachera pas non seulement c’est difficile de les entretenir à l’âge adulte, c’est aussi plus compliqué de rencontrer des gens avec nos vies occupées. J’étais curieuse d’avoir l’avis et de connaître les recherches de l’auteure à ce sujet.

Je dirais que c’est un livre assez complet avec des citations d’experts à l’appui. Malheureusement, beaucoup sont en anglais, mais vous pouvez trouver la traduction à la fin en annexe. Ce n’est pas un essai sur comment se faire des amis ou entretenir les relations avec ceux qu’on a déjà, mais plus sur l’effet que le temps (incluant la période pandémique et les réseaux sociaux) a eu sur l’amitié adulte. Toutefois, vous allez obtenir quelques pistes vers la fin du livre.

Comme c’est un essai et que l’auteure développe sur différentes facettes de l’amitié, je recommande de le lire à tête reposée, car il contient énormément d’information. J’ai dû reprendre mon souffle et relire certains passages pour bien comprendre. Ce n’est pas une lecture légère de vacances, mais si vous vous questionnez sur le sujet, je vous le suggère fortement. Je ne sais pas si ce livre va m’aider à améliorer mes relations, mais je me suis sentie un peu moins seule en voyant qu'on était plusieurs à vivre des difficultés avec l’amitié à l’âge adulte. D’ailleurs, vous allez retrouver plusieurs témoignages intéressants pour appuyer l’opinion de l’essayiste.

Extraits

Je me suis cachée derrière ce projet pour explorer ce constat déprimant. C’est que ça fait un peu loser d’affirmer qu’on se sent seul-e. La solitude n’a pas la meilleure équipe de relations publiques. (p.11)

Les humain-es avec qui on est connecté-es pemettent de trouver un sens à notre vie : de nous sentir important-e pour des gens active le sentiment d’être utile, de faire une différence. Ça nous motive à prendre soin de nous, des autres. Lorsqu’on a peur ou qu’on est dans une situation stressante, la simple présence d’une personne significative nous apaise. (p.15)

Mon intention n’est pas (que) de critiquer le capitalisme qui force les priorités : la productivité plutôt que les connexions, la croissance des comptes bancaires plutôt que celle de l’esprit de communauté. Je pense que l’hypervigilance et le pessimisme à l’autre bout du spectre peuvent causer tout autant de solitude, mettant des bâtons dans les roues de nos amitiés. (p.17)

J’avais toujours l’impression que j’auditionnais pour des amitiés. Et quand je décrochais le rôle, la pression devenait plus forte, je devais me prouver, être à la hauteur. Je me suis fait violence souvent pour ne pas être seule, mais je ne voulais rien savoir de tirer des leçons. Chaque nouvelle amitié avait la même ligne de vie qu’une abeille : une fois le dard planté, le dénouement est scellé, elle mourra aussitôt qu’elle s’envolera. (p.59)

Les femmes interagissent souvent à travers la conversation - « Comment vas-tu aujourd’hui ? Dis-moi tout ! » - , elles bâtissent leurs amitiés sir des fondations de soutien émotionnel, alors que les hommes préfèrent interagir un à côté de l’autre ; « l’intimité » est vécue à travers des activités partagées. (p.130)

Ghoster est assez récurrent, en amitié. Une étude réalisée en 2022 a mis en lumière que le manque d’aptitudes communicationnelles permettant une discussion honnête est la raison la plus souvent évoquée pour justifier le ghosting par les participant -es. Pourtant, les conséquences sur la santé mentale de recevoir cette façon de faire sont bien réelles. Elle est liée à une diminution de l’estime de soi. (p,198)

Derrière le populisme se cachent des personnes ayant l’impression de ne pas être considérées, comprises et entendues, des personnes qui ne se sentent pas appartenir à une communauté. Vivez-vous un « déjà-vu» ? En effet, il s’agit de la définition de la solitude. (p.214)

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