Publié chez les
éditions Cardinal le 6 novembre 2023
208 pages
Lu en format
papier
4e
de couverture
Faire un enfant
ou faire la romance ? C'est au coeur de cette question que s'enracine ce récit
intime, celui d'une femme qui doute mais qui assume ses contradictions. Une
réflexion sur l'amour, la solitude, la sexualité, la maternité, la douceur à
apprivoiser, les amitiés grandioses. Et surtout sur le désir brûlant de
façonner sa vie soi-même.
« Ce livre, il
s'écrit pour m'aider à accepter de ne pas vouloir. Mais aussi, peut-être, pour
m'aider à accepter de vouloir. Je suis affaiblie par une incertitude qui ne me
ressemble pas. Être mère ou ne pas être mère, c'est, pour moi, une quête
identitaire. Et c'est la plus grande question de ma vie. »
Mon avis
À mon âge, cela
fait un moment que j’ai répondu à la question si je souhaitais devenir mère ou
pas. Par contre, il y avait d’autres sujets sur lesquelles je m'interrogeais
encore et j’avais hâte de connaître le parcours de l’auteure. Je ne dirais pas
que c’est une biographie, mais l’œuvre se classe dans la catégorie Récit.
En général, j’ai
apprécié ma lecture. Sarah-Maude Beauchenes utilise un vocabulaire qui rejoint
un large public spécialement celui qui l’a suivi avec les Fourchettes et Cœur
de slush. Le bouquin commence brièvement avec son enfance pour ensuite parler
de sa vingtaine, l’âge où on s'interroge
sur la maternité. Elle mentionne aussi sans tabou sa vie amoureuse. Sans trop
aller dans les détails, l’auteure explique les hauts et les bas de ses
relations amoureuses et ce qu’elle recherchait à cette époque.
J’ai apprécié de découvrir
son évolution, on remarque qu’elle devient plus mature au fils des expériences
et vers la fin, j’ai pu me reconnaître dans ses questionnements que cela soit
en lien avec sa sœur, ses amies ou ce qu’elle souhaite comme relation
amoureuse.
Il y a quelques
extraits en anglais (moins de 10 heureusement), mais vous allez pouvoir voir la
traduction à la fin si vous en ressentez le besoin. L’auteure mentionne des
voyages aux États-Unis, alors c’est compréhensible, mais cela fait vibrer ma
corde sensible chaque fois que je dois des extraits en anglais dans un livre
québécois.
Extraits
J’ai toutefois de
la difficulté à ne pas être déçue de moi-même face à ce rejet volontaire. Quand
j’essaie d’assumer ma décision de ne pas devenir mère, j’ai la vive impression
de bouder ce qui pourrait être mon plus grand plaisir, de passer à côté de
quelque chose de grandiose, de me priver d’une transformation, autant physique
que psychologique, qui me permettrait de vivre plusieurs vies en une. Mais je
sais aussi que si je ne deviens pas mère, je vivrai une vie de grande liberté
où ma créativité, mes aventures seront au cœur de mon quotidien. (p.15)
J’ai autant envie
de sécurité que de liberté. Je suis déchirée entre vivre dans la conformité
sans trop me poser de questions ou bien naviguer dans le doute et l’inconnu en
défiant les règles et les attentes. (p.21)
Je rêve d’une
nouvelle façon de vivre des émotions fortes, de les retrouver dans des gestes
moins dramatiques et des relations plus saines, qui ressemblent un peu plus à
la femme que je suis maintenant. J’ai besoin de douceur. Plus que je pense.
J’ai besoin de douceur, mais ce qui est à la mode, ce sont les histoires
d’amour qui font souffrir et qui marquent longtemps et profondément pour les
mauvaises raisons. (p.26)
Je deviens la
femme que je voudrais être seulement quand je suis seule, quand j’ai beaucoup
de temps devant moi, autour de moi, quand je n’ai pas à plaire à personne
d’autre qu’à moi. Seule comme ça, je veux tout casser, défaire des patterns et
des mauvais réflexes, je veux convaincre mes amies de me suivre dans mes
rébellions, qu’ensemble on change nos dynamiques avec nos amoureux, qu’on
réinvente notre quotidien romantique pour qu’il soit plus juste, que notre
sexualité nous ressemble davantage. (p.64)
Au fil de toutes
mes peines d’amour, l’expérience et la sagesse m’ont toujours permis de m’en
remettre, chaque fois je savais que la douleur allait passer, qu’elle était
même plutôt éphémère, ou du moins qu’elle perdrait en intensité avec les
années. Les hommes qui m’ont brisé le cœur n’arrêtent jamais d’exister, mais
leur présence se résume souvent à la mention de nos histoires imparfaites dans
les pages froissées de mes journaux intimes. Mais la peine de cette rupture
d’amitié, elle, ne me lâche pas. Elle persiste malgré le temps qui passe, les
vieux souvenirs qui deviennent flous et les nouvelles amitiés qui viennent
s’enraciner ma vie. (p.87)
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