dimanche 10 mars 2024

Faire la romance de Sarah-Maude Beauchesne


 

Publié chez les éditions Cardinal le 6 novembre 2023

208 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Faire un enfant ou faire la romance ? C'est au coeur de cette question que s'enracine ce récit intime, celui d'une femme qui doute mais qui assume ses contradictions. Une réflexion sur l'amour, la solitude, la sexualité, la maternité, la douceur à apprivoiser, les amitiés grandioses. Et surtout sur le désir brûlant de façonner sa vie soi-même.

« Ce livre, il s'écrit pour m'aider à accepter de ne pas vouloir. Mais aussi, peut-être, pour m'aider à accepter de vouloir. Je suis affaiblie par une incertitude qui ne me ressemble pas. Être mère ou ne pas être mère, c'est, pour moi, une quête identitaire. Et c'est la plus grande question de ma vie. »

Mon avis

À mon âge, cela fait un moment que j’ai répondu à la question si je souhaitais devenir mère ou pas. Par contre, il y avait d’autres sujets sur lesquelles je m'interrogeais encore et j’avais hâte de connaître le parcours de l’auteure. Je ne dirais pas que c’est une biographie, mais l’œuvre se classe dans la catégorie Récit.

En général, j’ai apprécié ma lecture. Sarah-Maude Beauchenes utilise un vocabulaire qui rejoint un large public spécialement celui qui l’a suivi avec les Fourchettes et Cœur de slush. Le bouquin commence brièvement avec son enfance pour ensuite parler de sa  vingtaine, l’âge où on s'interroge sur la maternité. Elle mentionne aussi sans tabou sa vie amoureuse. Sans trop aller dans les détails, l’auteure explique les hauts et les bas de ses relations amoureuses et ce qu’elle recherchait à cette époque.

J’ai apprécié de découvrir son évolution, on remarque qu’elle devient plus mature au fils des expériences et vers la fin, j’ai pu me reconnaître dans ses questionnements que cela soit en lien avec sa sœur, ses amies ou ce qu’elle souhaite comme relation amoureuse.

Il y a quelques extraits en anglais (moins de 10 heureusement), mais vous allez pouvoir voir la traduction à la fin si vous en ressentez le besoin. L’auteure mentionne des voyages aux États-Unis, alors c’est compréhensible, mais cela fait vibrer ma corde sensible chaque fois que je dois des extraits en anglais dans un livre québécois.

Extraits

J’ai toutefois de la difficulté à ne pas être déçue de moi-même face à ce rejet volontaire. Quand j’essaie d’assumer ma décision de ne pas devenir mère, j’ai la vive impression de bouder ce qui pourrait être mon plus grand plaisir, de passer à côté de quelque chose de grandiose, de me priver d’une transformation, autant physique que psychologique, qui me permettrait de vivre plusieurs vies en une. Mais je sais aussi que si je ne deviens pas mère, je vivrai une vie de grande liberté où ma créativité, mes aventures seront au cœur de mon quotidien. (p.15)

J’ai autant envie de sécurité que de liberté. Je suis déchirée entre vivre dans la conformité sans trop me poser de questions ou bien naviguer dans le doute et l’inconnu en défiant les règles et les attentes. (p.21)

Je rêve d’une nouvelle façon de vivre des émotions fortes, de les retrouver dans des gestes moins dramatiques et des relations plus saines, qui ressemblent un peu plus à la femme que je suis maintenant. J’ai besoin de douceur. Plus que je pense. J’ai besoin de douceur, mais ce qui est à la mode, ce sont les histoires d’amour qui font souffrir et qui marquent longtemps et profondément pour les mauvaises raisons. (p.26)

Je deviens la femme que je voudrais être seulement quand je suis seule, quand j’ai beaucoup de temps devant moi, autour de moi, quand je n’ai pas à plaire à personne d’autre qu’à moi. Seule comme ça, je veux tout casser, défaire des patterns et des mauvais réflexes, je veux convaincre mes amies de me suivre dans mes rébellions, qu’ensemble on change nos dynamiques avec nos amoureux, qu’on réinvente notre quotidien romantique pour qu’il soit plus juste, que notre sexualité nous ressemble davantage. (p.64)

Au fil de toutes mes peines d’amour, l’expérience et la sagesse m’ont toujours permis de m’en remettre, chaque fois je savais que la douleur allait passer, qu’elle était même plutôt éphémère, ou du moins qu’elle perdrait en intensité avec les années. Les hommes qui m’ont brisé le cœur n’arrêtent jamais d’exister, mais leur présence se résume souvent à la mention de nos histoires imparfaites dans les pages froissées de mes journaux intimes. Mais la peine de cette rupture d’amitié, elle, ne me lâche pas. Elle persiste malgré le temps qui passe, les vieux souvenirs qui deviennent flous et les nouvelles amitiés qui viennent s’enraciner ma vie. (p.87)

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