Publié chez Libre
Expression le 8 novembre 2023
176 pages
Lu en format papier
4e
de couverture
Avec une
couverture et une mise en pages réinventées, cette édition spéciale de Ru accompagne
la sortie en salle du film éponyme de Charles-Olivier Michaud. On y trouve, en
dessous des textes qui composent le récit, des observations manuscrites dans
lesquelles l’auteure apporte une nouvelle compréhension des événements racontés
à la lumière du regard qu’elle porte aujourd’hui sur sa propre écriture depuis
la parution de l’édition originale en 2009. Un cahier photo présente des images
tirées du film et du petit carnet dans lequel Kim a tout consigné, genèse de
cette œuvre littéraire majeure.
Mon avis
Même si vous possédez
déjà la version précédente dans votre bibliothèque, cela vaut la peine de vous
procurer cette version de luxe, car vous allez y voir des photographies et des
notes de Kim Thúy de quelques passages en lien avec la sortie prochaine du
film. Vous allez remarquer que les notes de l’auteure sont manuscrites, je vous
avouerais qu’à cause de l’encre, j’éprouvais parfois de la difficulté à lire.
Heureusement, vous pouvez regarder la retranscription en bas de page pour la
majorité d’entre elles.
L’histoire n’est
pas très rose en sachant que la protagoniste arrive au Québec après un pénible périple
après avoir quitté le Vietnam dans les années 1970. Cela reste un récit familial,
car elle parle de ses oncles, de ses tantes, de sa mère, de son père et de ses
enfants. Vous allez trouver des moments attendrissants malgré la noirceur et
j’ai été touchée par le courage Nguyen qui a dû s’adapter à une nouvelle vie
alors qu’elle n’était qu’une enfant. Je
donne mon étoile du match à l’auteure, car elle a un don pour transmettre en
peu de mots les émotions des personnages.
Si vous manquez
de temps (ou éprouver des difficultés à vous concentrer pendant de longues
périodes) , c’est une belle suggestion de cadeau. Presque chaque page aborde un
sujet distinct. Vous pouvez lire quelques paragraphes et y retourner plus tard
sans perdre le fil. Préparez-vous à passer à travers plusieurs émotions, mais
le fait que Nguyen mentionne les différents aspects de sa vie que cela soit son
enfance au Vietnam, sa relation avec les membres de sa famille, sa vie au
Québec ou même son présent avec ses enfants, cela vous donne la chance de
déguster l’œuvre.
Extraits
Je suis née à l’ombre de ces vieux ornés de feux d’artifice, décorés de
guirlandes lumineuses, transversées de roquettes et de fusées. Ma naissance a
eu pour mission de remplacer les vies perdues. Ma vie avait le devoir de
continuer celle de ma mère. (p.17)
Depuis, j’ai même appris le vocabulaire communiste de nos anciens
assaillants parce que le mur de Berlin est tombé, parce que le rideau de fer a
été levé, parce que je suis encore trop jeune pour rester accablée par le
passé. Seulement, il n’y aura jamais de mure de brique dans ma maison. Je ne
partage toujours pas l’amour qu’ont les gens autour de moi pour les murs de
brique. Ils disent qu’ils réchauffent la pièce. (p.56)
Ma mère se fâchait souvent de me voir aussi effacée. Elle me disait que je
devais sortir de l’ombre, travailler sur mes reliefs pour que la lumière puisse
s’y refléter. Chaque fois qu’elle essayait de me sortir de l’ombre, de mon
ombre, je me noyais dans les pleurs jusqu’è l’épuisement, jusqu’à ce qu’elle
m’abandonne sur la banquette de la voiture, endormie dans la chaleur torride de
Saigon. (p.78)
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