Publié chez VLB
éditeur le 2 août 2023
120 pages
Lu en format
papier
4e
de couverture
J’ai besoin de réfléchir à l'état de survivance mis en parallèle avec la fin du
monde actuel, au capital qui s'approprie les corps, les récits et les fonds
marins, et au quotidien qui enfle jusqu'à nous dépouiller de tout espace
mental.
Cinq concerts est fait d'expériences vécues, de choses dites et entendues, de
lieux visités, de cauchemars. Fondé sur la relecture des journaux intimes de
l'autrice, écrit dans des endroits qui imposaient l'immobilité à son TDAH,
c'est aussi une monographie des sensations d'une personne neuroatypique.
Scandés par la musique et conçus pour être lus sans entracte, les fragments qui
composent le livre communiquent entre eux. Il y est question de mains qui
touchent, de mémoire générationnelle, de relations charnelles et du mouvement
propre aux situations, et aux états, dans lesquels on se met depuis l'enfance.
À la violence de l'entrée dans l'âge adulte se conjugue l'enchantement d'écrire une prose vraie, avec toutes les épreuves que cela comporte.
Mon avis
Ce n’est pas une œuvre facile à suivre. Chaque paragraphe peut être différent du précédent. Toutefois, si vous manquez de temps pour lire ou que vous éprouvez de la difficulté à vous concentrer, c’est une belle suggestion, car vous pouvez déposer le livre quelques jours et y retourner plus tard sans perdre le fil.
Bien que les textes soient courts, les mots percutent et l’auteure a le don pour aller directement au but. Elle écrit le bon mot au bon endroit. À la fin de l’article, vous allez voir quelques extraits qui m’ont particulièrement touché. Je me suis reconnue dans certains passages de son journal surtout lorsqu’elle mentionne ses crises de panique. Je suis entrée dans l’âge adulte 10 ans avant l’auteure pourtant, j’ai remarqué quelques similitudes. Je crois que nous franchissons des étapes semblables et les lecteurs pourront s’y reconnaître par moment.
Si vous aimez la musique classique et même les chansons modernes ou que
vous cherchez des suggestions de musique à écouter, certains chapitres commencent
par un titre. J’en ai noté quelques-uns afin de me permettre de me détendre
pendant que je travaille ou que j’écris. C’est un beau cadeau à offrir à un
amateur de poésie ou de musique.
Extraits
Un professeur me raconte ses histoires de castors qui se promènent sur le campus de l’Université Laval et me répète que pour écrire et enseigner, il faut lire. Je dis toujours à mes étudiants que dans l’idéal, il faut lire un livre par jour. Je souris car ça m’est impossible. (p.12)
Les amoureux sont seuls au monde mais nous ne sommes pas encore en amour et le clavecin me guette. Mes muscles dorsaux se souviennent du travail de la semaine et je lui ai dit tantôt en message j’ai mis de la lingerie juste pour penser à toi toute la journée, des sous-vêtements vraiment pas tout-terrain emballée comme un cadeau, avec les sangles qui me marquent les veines. (p.38)
J’ai réalisé à l’été 2018, en voyage à Québec avec ma meilleure amie, qu’il fallait tout toucher pour en retirer une expérience complète, plus de plaisir. « toucher avec les yeux » ne me suffit pas, il faut aller plus loin, il faut se pencher ou se mettre sur demi-pointes pour capter le bruit que font les choses quand on les tape ou les gratte ou encore comment les textures évoluent quand on tire dessus. (p.41)
J’avais huit ans quand le livre Harry Potter et l’ordre du Phénix est
sorti, 975 pages en version française. Ma première lecture de roman a été le
produit d’une obstination enfantine, parce que ma mère avait dit voyons,
donc elle lire jamais ça. J’ai surligné des mots incongrus pour comprendre,
après avoir demandé leur définition aux adultes, qu’on pouvait en inventer pour
dire ce que qu’on voyait dans notre tête. (p.48)
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