mercredi 23 février 2022

Nouées de Catherine Voyer-Léger

 


Publié chez Québec Amérique le 15 février 2022

158 pages

4e de couverture

« Nouées de mère en fille. Inextricables, tissées serrées, jusqu’à nous étouffer. De mère en fille. Nouées dans une caresse suffocante quand des petites mains de quatre ans te pressent la gorge parce qu’elles comprennent mal les limites entre le doux et la douleur. De mère en fille, nos angoisses tressées ensemble pour le meilleur et pour le pire. Indispensables l’une à l’autre et toujours un peu de trop en même temps. »


En dénouant ses souvenirs dans ce récit en trois temps à forte teneur autobiographique, la narratrice s’interroge sur ce qui forme les relations de confiance et d’attachement, particulièrement dans les rapports mère-fille. Troublant, percutant.

Mon avis

En lisant la 4e de couverture, j’ai immédiatement été intriguée par ce livre qui a été écrit par une auteure de ma région. J'ai assisté à plusieurs de ses tables rondes, mais je ne m’attendais pas à ce que cette œuvre me touche autant. J’ai probablement embarqué dans l’histoire, car j’ai longtemps pensé à adopter et que je trouve courageuses les femmes qui élèvent leurs enfants seules. Tout comme la protagoniste, je me suis souvent réfugiée dans un monde imaginaire que cela soit en regardant de nombreuses séries télé ou en parcourant une quantité incalculable de romans.

Je ne dirais pas que le récit est sombre, mais il porte à réfléchir sur certains sujets, particulièrement sur les relations entre les mères et les filles.  Que cela soit à propos de sa relation avec sa propre mère qui est loin d’être simple ou tout le processus qu’elle a dû passer pour devenir famille d’accueil, on passe par toute une gamme d’émotion. Je ne vous cacherais pas que j’ai presque versé des larmes en lisant certains chapitres. L’écrivaine a tout mon respect d’avoir passé à travers cette épreuve et j’espère qu’un jour j’aurais le courage de faire de même.

L’écriture est percutante et je le recommande à ceux qui comme moi aiment observer l’évolution psychologique des personnages. L’auteure mentionne plusieurs souvenirs qu’ils soient bons ou mauvais, mais qui lui ont permis d’évoluer et de devenir la mère qu’elle est.

Extraits

Je cherchais une émotion forte, très forte, qui aurait dû m’accompagner. Je me disais : Tu devrais être plusquelque chose. Tu devrais en faire un cas. Ce qui se prépare n’est pas banal. Je répétais : C’est le premier jour du reste de ta vie. Mais les signes étaient absents, rien n’annonçait une journée en raz-de-marée. (p.11)

Au primaire, j’étais souvent seule ; je n’étais pas très portée vers la camaraderie de cour d’école. Les enfants criaient, avaient souvent des gestes brusques et des mots acerbes. (p.103)

Je sais le mal de vivre lancinant, la peur d’être de trop, la culpabilité qui vous bouffe, qui ronge même vos liens à l’attachement, l’impression de ne servir à rien, d’être un obstacle dans la vie des autres. La profonde, intense certitude de n’être la priorité de personne. (p.130)

On peut se demander en quoi ça aurait été mieux que je meure à sa place. Que je m’offre, d’une certaine façon, en sacrifice. Mais à l’époque, même si je n’étais plus autant traversée par l’idée de la mort, je restais convaincue que ma vie valait moins que celle de la plupart des gens. (p.138)


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