Publié chez
Québec Amérique le 15 février 2022
158 pages
4e
de couverture
« Nouées de mère
en fille. Inextricables, tissées serrées, jusqu’à nous étouffer. De mère en
fille. Nouées dans une caresse suffocante quand des petites mains de quatre ans
te pressent la gorge parce qu’elles comprennent mal les limites entre le doux
et la douleur. De mère en fille, nos angoisses tressées ensemble pour le
meilleur et pour le pire. Indispensables l’une à l’autre et toujours un peu de
trop en même temps. »
En dénouant ses souvenirs dans ce récit en trois temps à forte teneur
autobiographique, la narratrice s’interroge sur ce qui forme les relations de
confiance et d’attachement, particulièrement dans les rapports mère-fille. Troublant,
percutant.
Mon avis
En lisant la 4e
de couverture, j’ai immédiatement été intriguée par ce livre qui a été écrit
par une auteure de ma région. J'ai assisté à plusieurs de ses tables rondes,
mais je ne m’attendais pas à ce que cette œuvre me touche autant. J’ai
probablement embarqué dans l’histoire, car j’ai longtemps pensé à adopter et
que je trouve courageuses les femmes qui élèvent leurs enfants seules. Tout
comme la protagoniste, je me suis souvent réfugiée dans un monde imaginaire que
cela soit en regardant de nombreuses séries télé ou en parcourant une quantité
incalculable de romans.
Je ne dirais pas
que le récit est sombre, mais il porte à réfléchir sur certains sujets,
particulièrement sur les relations entre les mères et les filles. Que cela soit à propos de sa relation avec sa
propre mère qui est loin d’être simple ou tout le processus qu’elle a dû passer
pour devenir famille d’accueil, on passe par toute une gamme d’émotion. Je ne
vous cacherais pas que j’ai presque versé des larmes en lisant certains
chapitres. L’écrivaine a tout mon respect d’avoir passé à travers cette épreuve
et j’espère qu’un jour j’aurais le courage de faire de même.
L’écriture est
percutante et je le recommande à ceux qui comme moi aiment observer l’évolution
psychologique des personnages. L’auteure mentionne plusieurs souvenirs qu’ils
soient bons ou mauvais, mais qui lui ont permis d’évoluer et de devenir la mère
qu’elle est.
Extraits
Je cherchais une
émotion forte, très forte, qui aurait dû m’accompagner. Je me disais : Tu
devrais être plus…quelque chose. Tu devrais en faire un cas. Ce qui se
prépare n’est pas banal. Je répétais : C’est le premier jour du
reste de ta vie. Mais les signes étaient absents, rien n’annonçait une
journée en raz-de-marée. (p.11)
Au primaire,
j’étais souvent seule ; je n’étais pas très portée vers la camaraderie de
cour d’école. Les enfants criaient, avaient souvent des gestes brusques et des
mots acerbes. (p.103)
Je sais le mal de
vivre lancinant, la peur d’être de trop, la culpabilité qui vous bouffe, qui
ronge même vos liens à l’attachement, l’impression de ne servir à rien, d’être
un obstacle dans la vie des autres. La profonde, intense certitude de n’être la
priorité de personne. (p.130)
On peut se
demander en quoi ça aurait été mieux que je meure à sa place. Que je
m’offre, d’une certaine façon, en sacrifice. Mais à l’époque, même si je
n’étais plus autant traversée par l’idée de la mort, je restais convaincue que
ma vie valait moins que celle de la plupart des gens. (p.138)
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