Publié chez les
éditions Alto le 18 janvier 2021
174 pages
4e de
couverture
Édition vingtième
anniversaire revue et suivie d’une postface de l’autrice Au tournant du
millénaire, Ariane parcourt l’Allemagne, découvrant les traces de la barbarie
des guerres. Elle cherche aussi à surmonter les séquelles d’une autre
incarnation de la violence, une agression brutale à laquelle elle a survécu de
justesse.
Au même moment,
dans un pénitencier de l’Ontario, son assaillant macère dans la haine et la
rage qui ont fait de lui un prédateur, naviguant entre pulsions et punition,
entre ses fantasmes et ses mauvais souvenirs. Au son de Portishead et de
PJHarvey, dans les rues d’un Montréal cru et vivant, ce roman-culte donne la
parole aux deux acteurs d’une rencontre fracassante.
Loin de toute
ambition moralisatrice, Soudain le Minotaure se lit comme une exploration
frontale de la violence faite aux femmes. Une lecture qui se révèle, vingt ans
plus tard, plus pertinente que jamais, plus déroutante qu’une avancée dans le
labyrinthe d’un monstre.
Mon avis
Je vous avoue que
je ne savais pas dans quel angle écrire cette chronique puisque l’histoire est
bouleversante. J’avais déjà lu Griffintown de la même auteure, mais avec
Soudain le Minotaure, on se trouve dans un autre niveau. Ce n’est pas une œuvre
lumineuse. Toutefois, elle est utile surtout en cette période d'après #MeToo.
L’agression d’Ariane se produit dans les années 90, mais pourrait très bien se
dérouler de nos jours. J’aime les romans qui se passent dans cette décennie chère
à mon cœur. Maintenant, je vois cela d’un autre œil.
Le livre est
séparé en deux parties : celle d’Ariane qui raconte ce qu’elle a vécu pendant
et après l’agression et celle de son agresseur Mino. Je donne une étoile à l’écrivaine
pour la seconde partie qui n’a pas dû être évidente à écrire. J’avais
l’impression d’être dans sa tête et c’est un point de vue qu’on retrouve peu
dans les romans. Bien que les chapitres de Mino m’aient fait frissonner, ceux
d’Ariane m’ont touché davantage. L’auteur a tellement bien décrit sa peur et sa
peine que je voulais la serrer dans mes bras. J’ai bien aimé les dialogues avec
des phrases dans une autre langue et d’avoir pu visiter brièvement l’Allemagne
malgré qu’elle tentait de reprendre le dessus. Dans tous les personnages, c’est
le frère d’Ariane qui est mon préféré. Il reste à ses côtés, peu importe ce que
sa sœur vivait.
L’écriture touche
directement le coeur, mais avec des intermèdes permettant au lecteur de respirer.
D’ailleurs, j'apprécie que la musique, les descriptions des divers
environnements soient présentes, cela ajoute un peu de lumière à un récit
difficile. Bien qu’on se mette dans la tête de Mino, je n’ai pas ressenti de
l’empathie pour lui et on n’en fait pas l’éloge. C’est seulement pour nous expliquer
à quoi il pensait lors des événements.
Je le recommande
si vous aimez lire des livres avec des points de vue hors du commun et qui vous
feront vivre des émotions en montagnes russes. C’est une œuvre qui vous fera
réfléchir.
Extrait
Plusieurs fois
par jour, le film de mon agression joue à toutes les chaînes de ma télé
intérieure. Et quand le film commence, je deviens tétanisée et je ne peux
m’empêcher de la visionner, une fois de plus, scène par scène en attendant la
fin, puis le repos. Le seul truc que je connais pour y remédier est d’ouvrir
les yeux et de dire « stop » à voix haute.
Et d’allumer la lumière, même pour dormir.
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