samedi 18 mars 2023

Forteresses et autres refuges de Rafaële Germain

 


Publié chez Québec Amérique dans la Collection III le 22 mars 2023

126 pages

 4e de couverture

Il y a les souvenirs dont elle a hérité, ces histoires qui lui ont été tellement racontées qu’elles ont fini par faire partie intégrante de sa mémoire. Il y a les images floues qu’elle garde de son enfance et les récits à partir desquels elle s’est construite. Il y a aussi les souhaits qu’elle porte, des projections dans le futur qui prennent racine dans son passé.

À travers l’histoire des premières années de sa mère et celle de ses dernières semaines, en passant par le souvenir des petits chaperons de toutes les couleurs que son père a imaginés pour elle enfant, Rafaële Germain tente de trouver des réponses à la question : que veut-on garder de ce que le monde a déposé en nous ?

Mon avis

Pour commencer, je remercie Mélissa Roy pour le service presse. Rafaële Germain est une des rares auteures que je lisais après mes études collégiales et je la remercie de m’avoir fait découvrir le genre chicklit qui m’a redonné envie de lire et d’approfondir mon univers littéraire. J’étais curieuse de la découvrir dans un nouveau genre. Je connaissais un peu l’histoire de son père, mais pas sur sa mère.

Au commencement du livre, l’écrivaine mentionne que ce livre se trouve dans la collection III, car on y parle de trois souvenirs distincts. Les thèmes abordés sont personnels et touchants. On n’en apprend pas seulement sur la mère de Rafaële Germain, mais sur sa famille et elle-même. Elle raconte son enfance, la vie amoureuse de sa mère, ses oncles et tantes sans toutefois aller trop dans les détails. C’est sa mère qui est la protagoniste des trois chapitres.

Le thème abordé n’est pas très joyeux, mais l’auteure ajoute de la couleur tout en faisant réfléchir le lecteur. J’ai apprécié les mentions de certaines princesses de Disney qu’elle utilise comme humour. Ce sont les passages qui m’ont fait le plus sourire. Elle tourne ses passages à sa façon et vous ne verrez pas Belle, Blanche-Neige ou le chaperon rouge de la même façon.

Si vous connaissez une personne qui souffre d’Alzheimer ou de démence, je vous suggère de garder un mouchoir près de soi en parcourant les pages de ce livre, car certains paragraphes sont vraiment touchants surtout quand elle parle de sa vision face à la mort.

Extraits

Ma mère a commencé à perdre la mémoire durant la dernière année de vie de mon père, qui se mourait d’un cancer du cerveau dont une des conséquences était, justement, la lente érosion de ses souvenirs. (p.12)

… et au bout de quelques mois, l’évidence s’est imposée : soit on était dans  La Belle et La Bête et les objets se mettaient tous à danser et à chanter dès que nous avions le dos tourné, soit ils prenaient la poussière et perdaient du sens puisque ce qui les reliait à la vie (ma mère et ses souvenirs) n’était plus là. (p.16)

Le monde extérieur ne passe jamais la grande porte cochère qui donne sur la cour intérieure. Aucun écho de la vie politique d’ici ou d’ailleurs ne se rend jusqu’à elles, triplement cloîtrées qu’elles sont dans la religion, l’insouciance de leur jeunesse bourgeoise et leur sexe. (p.36)

Dans les notes de mon amie, je lis, à propos de la mémoire épisodique, celle qui s’occupe d’archiver les événements que nous avons vécus personnellement : « N’est pas la réalité. C’est une fiction de la réalité. » (p.73)

C’est avec elle que je mangeais, que je faisais de grands collages pour les murs de nos chambres, que je lisais et relisais Tintin au Tibet,  que je m’endormais et que j’écoutais, depuis une cachette qui n’en était une que pour moi, La croisière s’amuse, Shogun et Les oiseaux se cachent pour mourir. (p.82)

Mon entrevue avec l'auteure 


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