vendredi 17 mars 2023

Entrevue avec Rafaële Germain


Biographie

Née à Montréal en 1976, Rafaële Germain travaille en télévision depuis plus de 20 ans. Elle a fait ses premiers pas en littérature en 2004, avec Soutien-gorge rose et veston noir, best-seller vendu à près de 100 000 exemplaires. Après deux autres romans, elle a signé en 2016 un essai inspiré en partie de la disparition de son père, Georges-Hébert Germain, qui a souffert d’un cancer du cerveau ayant érodé sa mémoire.

Plus récemment, elle a fait paraître, en collaboration avec Dominique Fortier, un ouvrage intitulé Pour mémoire, qui célèbre l’émerveillement. Quand elle ne se questionne pas sur le rapport que nous entretenons avec la mémoire, elle écrit des blagues pour la télé et observe les oiseaux.

Crédit : Rafaële Germain - Québec Amérique (quebec-amerique.com)

Questions

Quelles ont été vos sources d'inspiration pour l'écriture de votre livre Forteresse et autres refuges ?

Le livre fait partie d’une collection, III, qui est construite autour de la mémoire et des souvenirs des auteurs qu’elle publie. La commande est simple : partir de trois souvenirs. Après, plus aucune contrainte. Personnellement, je n’avais pas trop envie de raconter simplement mes souvenirs, qui ne me semblaient pas toucher à quoi que ce soit d’universel. Je cherchais donc une porte d’entrée, que j’ai finalement trouvée auprès de ma mère, qui était alors atteinte de la maladie d’Alzheimer. Je la voyais partir lentement, mais comme elle n’admettait pas être malade, elle refusait de prendre le temps de regarder un peu en arrière, de revenir sur sa vie pendant qu’il en était encore temps. Je me suis donc demandé : si j’étais à sa place, et que je savais que les souvenirs s’en vont peu à peu, lesquels voudrais-je retenir ? Et qu’est-ce qui fait que certains souvenirs en apparences insignifiants restent avec nous ?

Devez-vous créer un plan avant de commencer à écrire un livre ?

Semi ;-) J’en fais plus ou moins un, et je le respecte plus ou moins.

Selon vous, quelles sont les différences entre écrire un livre et un texte pour la télévision ?

Ce sont littéralement deux jobs différents. L’écriture pour la télévision se fait en collaboration avec toute une équipe – même quand on écrit seule, il faut tenir compte des producteurs, des comédiens, du diffuseur. C’est un monde de contraintes, aussi. J’ai l’air de chiâler, mais c’est un formidable exercice qui demande de l’agilité et de la souplesse mentale, et une sorte d’efficacité intellectuelle. L’écriture d’un livre, au contraire, se fait dans la solitude, et dans des profondeurs où la pensée bouge lentement.

Quels défis avez-vous rencontrés lors de l’écriture de votre premier roman ?

Trouver une bonne histoire, qui sonne juste et vraie et qui en même temps va résonner avec la plus grande masse critique possible. C’était un roman léger, mais il fallait quand même que le lectorat croit à l’histoire, dans le sens de « ait envie d’y adhérer ».

Quels conseils donneriez-vous à un nouvel écrivain ?

D’essayer de trouver sa voix. Je sais, ça sonne comme quelque chose qu’écrirait un coach de vie, mais c’est vrai que trouver sa propre vérité, en tant qu’artiste, peut être le défi d’une vie. Ç’a zéro besoin d’être profond, ou dark, ou deep (mais ça peut être profond ET dark ET deep), mais c’est à partir de ce lieu là que je souhaite à tout le monde d’écrire.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à écrire votre premier livre et qui vous poussent à poursuivre cette aventure ?

C’est un peu tout ce que je sais faire. Je suis tombée dans les livres quand j’avais 12 ou 13 ans, et je pense que j’en suis jamais sortie. Les livres ouvraient des portes autour de moi, et très très vite, j’ai su que j’avais envie d’écrire. Il n’y avait pas de raisons précises, pas de projet en particulier, c’était comme une inclinaison naturelle. Les raisons se précisent un peu plus aujourd’hui : je veux traduire la beauté que je vois autour de moi. C’est un vaste projet, je sais, un peu ambitieux sur les bords, aussi je ne vise pas la traduction totale, n’est pas Proust qui veut. Si je réussis à faire exister un vol d’oiseau entre deux pages, ça sera ben en masse.

Quels sont vos prochains projets ?

Je travaille sur Je viens vers toi, le talk show de Marc Labrèche qui commence en avril, et je me croise les doigts pour qu’une autre jolie commande comme celle de III se fraie un chemin jusqu’à moi.

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