Biographie
Catherine
Voyer-Léger a signé plusieurs ouvrages dont Métier critique, un essai sur
l’état de la critique culturelle au Québec, et Prendre corps, un
recueil de microrécits qui lui a valu en 2019 le Prix littéraire
Jacques-Poirier–Outaouais.
Elle collabore à
plusieurs projets collectifs et à certaines revues, et est très active sur les
médias sociaux. Mère monoparentale, femme de cœur et femme de tête, elle est
directrice générale du Conseil québécois du théâtre.
Crédit pour la photo et biographie : Catherine
Voyer-Léger - Québec Amérique (quebec-amerique.com)
Questions
Quelles sont tes inspirations pour tes projets d’écriture?
Ça dépend vraiment des projets. Parfois c’est un sujet qui
s’impose (je savais que je voulais parler de la critique, je savais
que je voulais parler du corps). Je reçois des commandes aussi – c’est le cas
de Nouées - que j’accepte uniquement si elles épousent d’assez près
quelque chose qui m’habite. Les livres naissent un peu comme des rêves je
dirais : je vois, un peu flou, le type de résultat auquel je voudrais
arriver et le travail concret commence, quitte à ce que ça m’éloigne de la chimère
initiale.
Quels défis as-tu rencontrés lors de la rédaction de ton
premier essai Métier critique?
J’ai l’habitude d’écrire dans des formes brèves (chroniques,
fragments, microrécits), c’était donc la première fois que j’avais le projet
d’une forme plus continue, celle de l’essai plus traditionnel. C’est difficile
pour moi de savoir comment rentrer dans un tel texte. J’ai un peu tourné en
rond au départ avant de trouver la bonne organisation de la table des matières
qui m’a alors permis de prendre ça un chapitre à la fois pour que ce soit plus
digeste.
Est-ce que Nouées est inspirée d’une expérience
personnelle?
La collection III, dirigée par Danielle Laurin, demande à
l’autrice de baser son récit sur trois souvenirs et la part de fiction est
laissée à la discrétion de chacun. Nouées est un texte autobiographique.
On parle parfois d’autofiction et je ne serai pas rigide au point de refuser ce
terme, mais on est quand même beaucoup plus proche de l’autobiographie dans le
sens qu’outre quelques petits détails, tel un prénom qui a été changé, tout est
lié à mon expérience.
Mes trois souvenirs sont les suivants : le jour où j’ai
vu pour la première fois ma fille adoptive, le jour où j’ai visité ma mère qui
était en cure de désintoxication quand j’avais quatre ans et demi et un épisode
dépressif que j’ai vécu au début de la vingtaine. Ces souvenirs sont tissés
autour des thèmes de la maternité et de la culpabilité et me permettent aussi
de revisiter mon parcours : là d’où je viens. Par là je veux dire
le milieu, mais aussi l’époque. À certains égards, la société a beaucoup changé
en 40 ans.
Combien de temps consacres-tu à un projet du moment où tu
as l’idée jusqu’à la version finale? Est-ce que tu dois faire de la recherche?
Ça dépend vraiment des projets. Nouées a été écrit en
environ huit mois. Mais c’est un court récit autobiographique qui justement ne
demande pas de recherche (si ce n’est fouiller dans de vieilles photos) et que
j’ai pu écrire en fragments sans avoir constamment le besoin de me relire.
Mouvements, qui paraît aussi ces jours-ci, a été
écrit sur trois périodes différentes en presque dix ans.
Prendre corps était d’abord un projet Web qui a duré
environ 16 mois. 365 fragments ont été écrits sur cette période et ensuite nous
avons passé environ 4 ou 5 mois à travailler sur une version pour le livre.
Les essais sont souvent un peu plus exigeants sur la durée
parce qu’ils demandent de la recherche et dans mon cas, beaucoup de lectures,
et lire, on le sait, est une activité passionnante, mais lente.
Il faut comprendre aussi qu’une fois que nous avons une
première version du manuscrit, c’est le travail éditorial qui commence et pour
avoir travaillé avec plusieurs maisons d’édition, je peux vous assurer
qu’aucune ne travaille de la même façon et sur le même rythme. Il faut aussi
s’y adapter.
Quel essai suggérais-tu à un lecteur qui souhaite
découvrir ce genre littéraire?
Il y en a tant…
Je suggère souvent Les filles en série de Martine
Delvaux qui pour moi a été une grande découverte à plusieurs égards : les
thèmes, mais aussi la forme m’ont profondément marquée.
Sur la maternité, je suggérerais Cicatrices :
Carnets de conversion de Sara Danièle Michaud qui vient de paraître et qui
recoupe plusieurs thèmes de Nouées. (J’espère tellement qu’on nous invitera
à en jaser ensemble dans un événement littéraire!).
Je suggère aussi souvent Raconter et mourir de
Thierry Hentsch, grand intellectuel maintenant décédé. C’est un livre plus épais,
qui peut faire peur un peu, mais faut lui aussi le prendre un chapitre à la
fois. Il interroge les grands récits fondateurs de l’Occident et on a vraiment
le sentiment de devenir plus intelligent en le lisant.
Quels sont tes prochains projets?
Je mets la touche
finale ces jours-ci à mon deuxième album jeunesse, celui-ci portant sur la
question de l’adoption. J’ai surtout des projets d’essais dans les prochaines
années. Je n’ose pas trop en dire sur les thèmes que j’aborderai, mais j’ai
trois projets d’essai sur le feu, plus ou moins avancés. Reste à trouver le temps
d’écrire !
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