Biographie
Avant d’écrire
des livres, Karine Glorieux a servi des milliers de cafés, étudié la
littérature, bourlingué aux quatre coins du monde et donné naissance à trois
ravissantes créatures qui ont grandi beaucoup trop vite. Autrice de plusieurs
romans pour les adultes (Tuer la poule, la série Mademoiselle
Tic Tac) et pour les jeunes (Il était 26 fois, la série Mutants),
elle enseigne aussi la littérature au Collège de Maisonneuve.
Crédit : Karine
Glorieux - Québec Amérique (quebec-amerique.com)
Questions
Selon toi,
quelles sont les différences entre écrire pour les adolescents et les
adultes ?
Je dirais qu’il y a surtout des ressemblances. Quand j’écris, je commence toujours avec une intrigue en tête, je fais un plan assez détaillé… et je passe ensuite beaucoup, BEAUCOUP de temps à définir mes personnages : qui sont-ils, quels sont leurs qualités, leurs défauts, leurs peurs ? Qu’est-ce qui les rend heureux, malheureux ? À quel moment de leur vie les lecteurs les rencontrent-ils ? Et c’est peut-être là, dans la création des personnages, que se trouve la principale différence : créer un personnage adulte, qui me ressemble un peu, est plus facile, d’une certaine manière, parce que je peux me mettre à sa place pour le faire évoluer. Mais se mettre dans la peau d’un adolescent n’est pas si simple… Il faut retrouver l’ado qu’on était (il y a… quelques années ;)), et aussi regarder autour pour voir comment sont les jeunes d’aujourd’hui. Le danger est de tomber dans les stéréotypes et de sonner faux – en mettre trop, ou pas assez, par exemple.
D’où t’es venue
l’inspiration pour le personnage d’Elsa ?
Elsa, c’est un
personnage qui ressemble aux femmes que je côtoyais au moment de l’écriture,
qui me ressemble aussi. Elle a beau être adulte, elle reste un peu gamine, une
éternelle ado. Je me sens aussi comme ça : je blague souvent en disant que
j’ai quatorze ans d’âge mental – toujours un peu en rébellion contre les
contraintes du monde adulte (ha ha, c’est sans doute pour ça que j’écris aussi
des romans jeunesse !). En fait, Elsa est une fille qui ressemble à
plusieurs d’entre nous, je crois. Elle voudrait vivre en complète liberté, mais
elle est constamment confrontée au fait que, dans la vie, ben, même si on
cherche à les éviter, les responsabilités nous tombent dessus. Et l’amour,
l’engagement, les enfants… ça vient avec une part de responsabilités, ce qui
est à la fois contraignant et… très beau !
Pour moi, l’idée
n’était pas tant d’écrire de la chicklit que d’écrire des romans divertissants,
qui sauraient amuser et faire rire, mais permettraient aussi, mine de rien,
d’avoir une réflexion sur le couple, sur les stéréotypes de genre, sur la
famille et les différences générationnelles. Je voulais que les lecteurs
embarquent dans la série avec plaisir, qu’ils se sentent proches d’Elsa et de
Florent parce qu’ils leur rappelleraient ce qu’ils sont.
J’aime les
comédies romantiques intelligentes, un peu grinçantes, qui savent nous faire du
bien et nous surprendre en même temps, et je voulais donner à mes lecteurs le
même plaisir que je ressens en regardant un bon film. En plus… Écrire des
livres qui font du bien, c’est vraiment le fun!
Le troisième tome de Miss Tic Tac se déroule à San Francisco, pourquoi avoir choisi cette ville ?
Comme tous les livres, le dernier tome est inspiré de mon expérience personnelle. J’ai vécu deux ans à Berkeley, une ville à côté de San Francisco, avec mon chum et nos trois enfants, et je suis tombée en amour avec ce coin-là. Quand j’ai écrit le tome 3, on venait tout juste de partir de la Californie. C’était pour moi une façon de prolonger le voyage, et de me replonger dans toutes les épreuves et les joies de l’expatriation. Certains passages du roman sont carrément arrivés, tels quels, dans la vraie vie.
Elsa a un sens de
l’humour particulier, est-ce que tu as un humoriste que tu admires ?
J’aime beaucoup l’autodérision, l’humour absurde et l’ironie. Rien ne me surprend plus qu’une blague absurde lancée d’un ton neutre, quand tu dois prendre une demi-seconde pour te demander : « Attends, est-ce que c’est vrai ou c’est une joke ? » J’adore la gang de Like-moi (Florence Longpré, Catherine Levac, Karine Gonthier, Marie-Soleil Dion, Guillaume Lambert, Adib Alkhalidey et Yannick de Martino) et j’ai hurlé de rire à plusieurs reprises en regardant les épisodes de l’émission. J’ai grandi avec la LNI (Ligue Nationale d’Improvisation) et j’aime le jeu entre plusieurs comédiens : c’est très rarement ennuyant et souvent surprenant !
Quels conseils
donnerais-tu à un nouvel auteur ?
Je lui dirais de travailler sa patience. Sa persévérance. Et de fermer son Internet de temps en temps pour se concentrer sur son histoire en devenir. Écrire, peu importe le genre et le style qu’on choisit, est un long exercice solitaire, qui demande qu’on s’immerge complètement dans le monde inventé pour le rendre vivant, concret, crédible. C’est facile de se laisser distraire par tout ce qui bouge autour de nous ! On a souvent l’impression qu’on peut tous écrire un livre, parce que, contrairement à un instrument de musique par exemple, on sait tous à peu près comment maîtriser les mots et inventer des histoires. Mais ça prend plus que ça. La vie va vite ; l’écriture est un processus lent. Il faut prendre le temps d’écrire. Et se relire. Se relire encore. Et encore.
Quels sont tes
prochains projets ?
J’ai plein de
projets – trop ! En ce moment, je dirige un collectif jeunesse qui
parlera de la sexualité des ados, je travaille sur un conte de Noël et j’écris
une comédie sur le burn-out. Je m’amuse beaucoup – mais je manque, comme
toujours, de temps !
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