dimanche 19 décembre 2021

Entrevue avec Karine Glorieux



 




Biographie

Avant d’écrire des livres, Karine Glorieux a servi des milliers de cafés, étudié la littérature, bourlingué aux quatre coins du monde et donné naissance à trois ravissantes créatures qui ont grandi beaucoup trop vite. Autrice de plusieurs romans pour les adultes (Tuer la poule, la série Mademoiselle Tic Tac) et pour les jeunes (Il était 26 fois, la série Mutants), elle enseigne aussi la littérature au Collège de Maisonneuve.

Crédit : Karine Glorieux - Québec Amérique (quebec-amerique.com)



Questions

Selon toi, quelles sont les différences entre écrire pour les adolescents et les adultes ?

Je dirais qu’il y a surtout des ressemblances. Quand j’écris, je commence toujours avec une intrigue en tête, je fais un plan assez détaillé… et je passe ensuite beaucoup, BEAUCOUP de temps à définir mes personnages : qui sont-ils, quels sont leurs qualités, leurs défauts, leurs peurs ? Qu’est-ce qui les rend heureux, malheureux ? À quel moment de leur vie les lecteurs les rencontrent-ils ? Et c’est peut-être là, dans la création des personnages, que se trouve la principale différence : créer un personnage adulte, qui me ressemble un peu, est plus facile, d’une certaine manière, parce que je peux me mettre à sa place pour le faire évoluer. Mais se mettre dans la peau d’un adolescent n’est pas si simple… Il faut retrouver l’ado qu’on était (il y a… quelques années ;)), et aussi regarder autour pour voir comment sont les jeunes d’aujourd’hui. Le danger est de tomber dans les stéréotypes et de sonner faux – en mettre trop, ou pas assez, par exemple.

D’où t’es venue l’inspiration pour le personnage d’Elsa ?

Elsa, c’est un personnage qui ressemble aux femmes que je côtoyais au moment de l’écriture, qui me ressemble aussi. Elle a beau être adulte, elle reste un peu gamine, une éternelle ado. Je me sens aussi comme ça : je blague souvent en disant que j’ai quatorze ans d’âge mental – toujours un peu en rébellion contre les contraintes du monde adulte (ha ha, c’est sans doute pour ça que j’écris aussi des romans jeunesse !). En fait, Elsa est une fille qui ressemble à plusieurs d’entre nous, je crois. Elle voudrait vivre en complète liberté, mais elle est constamment confrontée au fait que, dans la vie, ben, même si on cherche à les éviter, les responsabilités nous tombent dessus. Et l’amour, l’engagement, les enfants… ça vient avec une part de responsabilités, ce qui est à la fois contraignant et… très beau !

 Qu’est-ce qui t’a motivée à écrire de la chicklit ?

Pour moi, l’idée n’était pas tant d’écrire de la chicklit que d’écrire des romans divertissants, qui sauraient amuser et faire rire, mais permettraient aussi, mine de rien, d’avoir une réflexion sur le couple, sur les stéréotypes de genre, sur la famille et les différences générationnelles. Je voulais que les lecteurs embarquent dans la série avec plaisir, qu’ils se sentent proches d’Elsa et de Florent parce qu’ils leur rappelleraient ce qu’ils sont.

J’aime les comédies romantiques intelligentes, un peu grinçantes, qui savent nous faire du bien et nous surprendre en même temps, et je voulais donner à mes lecteurs le même plaisir que je ressens en regardant un bon film. En plus… Écrire des livres qui font du bien, c’est vraiment le fun!

Le troisième tome de Miss Tic Tac se déroule à San Francisco, pourquoi avoir choisi cette ville ?

Comme tous les livres, le dernier tome est inspiré de mon expérience personnelle. J’ai vécu deux ans à Berkeley, une ville à côté de San Francisco, avec mon chum et nos trois enfants, et je suis tombée en amour avec ce coin-là. Quand j’ai écrit le tome 3, on venait tout juste de partir de la Californie. C’était pour moi une façon de prolonger le voyage, et de me replonger dans toutes les épreuves et les joies de l’expatriation. Certains passages du roman sont carrément arrivés, tels quels, dans la vraie vie.

Elsa a un sens de l’humour particulier, est-ce que tu as un humoriste que tu admires ?

J’aime beaucoup l’autodérision, l’humour absurde et l’ironie. Rien ne me surprend plus qu’une blague absurde lancée d’un ton neutre, quand tu dois prendre une demi-seconde pour te demander : « Attends, est-ce que c’est vrai ou c’est une joke ? » J’adore la gang de Like-moi (Florence Longpré, Catherine Levac, Karine Gonthier, Marie-Soleil Dion, Guillaume Lambert, Adib Alkhalidey et Yannick de Martino) et j’ai hurlé de rire à plusieurs reprises en regardant les épisodes de l’émission. J’ai grandi avec la LNI (Ligue Nationale d’Improvisation) et j’aime le jeu entre plusieurs comédiens : c’est très rarement ennuyant et souvent surprenant !

Quels conseils donnerais-tu à un nouvel auteur ?

Je lui dirais de travailler sa patience. Sa persévérance. Et de fermer son Internet de temps en temps pour se concentrer sur son histoire en devenir. Écrire, peu importe le genre et le style qu’on choisit, est un long exercice solitaire, qui demande qu’on s’immerge complètement dans le monde inventé pour le rendre vivant, concret, crédible. C’est facile de se laisser distraire par tout ce qui bouge autour de nous ! On a souvent l’impression qu’on peut tous écrire un livre, parce que, contrairement à un instrument de musique par exemple, on sait tous à peu près comment maîtriser les mots et inventer des histoires. Mais ça prend plus que ça. La vie va vite ; l’écriture est un processus lent. Il faut prendre le temps d’écrire. Et se relire. Se relire encore. Et encore.

Quels sont tes prochains projets ?

J’ai plein de projets – trop ! En ce moment, je dirige un collectif jeunesse qui parlera de la sexualité des ados, je travaille sur un conte de Noël et j’écris une comédie sur le burn-out. Je m’amuse beaucoup – mais je manque, comme toujours, de temps !

Lien de ma chronique Premier baiser 

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