mercredi 14 février 2024

Porter plainte de Léa Clermont-Dion

 

Publié chez Le Cheval d’août le 23 octobre 2023

224 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Agressée sexuellement par son patron à l’âge de dix-sept ans, Léa Clermont-Dion décide, près d’une décennie plus tard, de poursuivre l’agresseur en justice. Elle consignera son expérience dans son journal jusqu’au procès. Pendant ce temps, l’affaire Harvey Weinstein déclenche le mouvement #MeToo, et des millions de femmes dénoncent la culture du viol à visage découvert. La déposition criante de vérité de Porter plainte témoigne de la froide autorité du droit et des luttes des victimes de crimes sexuels, qui reprennent la parole qu’on leur a soustraite.

Mon avis

Je crois que c’est un livre que chaque humain devrait lire au moins une fois dans sa vie. Le sujet est sombre, mais essentiel. Même si vous n’avez pas subi une agression, il peut donner quelques pistes si vous connaissez une personne qui a vécu un tel événement. L’essai est du point de vue féminin, mais je serai curieuse de découvrir ce que les hommes en pensent.

Certains chapitres sont ardus surtout la partie qui concerne le procès. Je ne m’attendais pas à ce que cela soit aussi difficile pour la personne qui porte plainte. Cela permet au lecteur de mieux comprendre la situation. Ce n’est pas tout le monde qui a le courage de revivre l’événement une seconde fois et se faire contre-interroger à plusieurs reprises et de douter de sa propre parole. J’ai trouvé l’auteure courageuse de faire face à tout cela et de ne pas avoir nommé l’agresseur dans le livre. Parfois, je pense qu’on leur donne trop de visibilité, mais c’est possible que cela soit seulement mon avis.

Les sections sont courtes, alors vous pouvez reprendre votre souffle pendant les passages poignants. Je lis peu d’essais, mais après avoir vu plusieurs documentaires et des entrevues de Léa Clermont-Dion, je sentais que je devais me le procurer. Je vais sûrement donner davantage de chance à ce genre littéraire spécialement si le thème m’interpelle comme c’était le cas avec Porter plainte.  Je recommande d’être dans un bon état d’esprit avant de le lire, car le message risque de passer différemment.

L’essai mentionne surtout l’expérience de l’auteure, mais elle parle aussi de l’effet #MeToo qui s’est déroulé peu de temps avant qu’elle dénonce son agresseur aux policiers. C'est un événement qui est d’une importance capitale pour ceux qui ont vécu une agression.

Extraits

Je m’efforce de m’intéresser à l’intrigue de Bonjour tristesse, qui se déroule dans une magnifique villa au bord de la Méditerranée. J’ai beau essayer, la lourdeur bourgeoise de ce roman me fait rire. Je ne suis pas émue. Je visualise le procès à venir, appréhende toutes sortes de scénarios catastrophes, m’imagine mon agresseur, sa vie dévastée. Je doute de ma décision, puis je ne doute plus. (p.14)

Dans les années quarante, on parlait couramment de « droit de cuissage ». Les puissants sévissaient et s’appropriaient le corps des femmes, un article dont on pouvait disposer à sa guise. (p.18)

« Même sans blessures physiques graves, une agression sexuelle peut laisser des blessures psychologiques importantes pouvant prendre toute une vie pour guérir. » (p.61)

Le 14 octobre, une des dénonciatrices d’Harvey Weinstein, l’actrice Alyssa Milano, a repris sur Twitter la campagne #MeToo, invitant les femmes à faire part de leurs expériences des violences sexuelles pour sensibiliser la population à l’ampleur du problème. (p.67)

En usant de son autorité, appuyé par les policiers et les juges, Weinstein a bâti au fil des années une structure qui perpétuait les abus sexuels sur des personnes vulnérables. (p.114)


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