mercredi 28 février 2024

Entrevue avec Claudine Rongione


Biographie

Née à Montréal d’un père italien et d’une mère québécoise, Claudine Rongione a développé la passion de raconter des histoires très tôt. Après des études en lettres au cégep, puis en scénarisation cinématographique à l’UQAM, elle effectue un changement de carrière et devient alors infirmière en néonatologie et périnatalité. Animée par les anecdotes que sa grand-mère lui racontait sur son pays natal et par l’amour de l’écriture, elle décide de prendre la plume et publie son premier roman en 2016.

Crédit : Claudine Rongione - Les Éditeurs réunis (lesediteursreunis.com)

Questions

D’où vous vient votre intérêt pour l’histoire?

Depuis mon jeune âge, ma grand-mère paternelle me racontait des anecdotes et des événements de sa vie et de son entourage.   Elle avait un don pour analyser l’humain.  Elle vivait les émotions fortes, me parlait des personnalités complexes et analysait les relations difficiles. Et l’amour… toujours!

L’amour de l’homme, l’amour de la famille, l’amour des enfants, l’amour de l’Italie!

Ce qui m’a grandement inspiré pour mon histoire.  Il ne s’agit pas de l’histoire d’amour de mes grands-parents qui y est racontée, mais j’aime à croire qu’il y a un peu, ici et là, un peu d’elle à travers les pages.

Je suis partie avec l’idée que je voulais parler des deuils et comment, selon la personnalité, chaque personnage y ferait face.  Plusieurs thèmes étaient importants pour moi, dont la résilience.

Ensuite, je voulais explorer le principe que, dans la vie, nos désirs et nos passions peuvent influencer nos choix et nos attitudes, mais ils ont surtout, des impacts majeurs quand on tente de les assouvir. 

Et le fait d’être infirmière a influencé ma vision que j’avais du milieu hospitalier.  La psychiatrie m’a toujours grandement fasciné.  Le comportement humain, le psychique et ses enjeux sont intéressants à exploiter dans un récit.

Pourquoi avoir choisi d’écrire un roman qui se déroule pendant l’entre-deux-guerres?

Cette période m’a toujours intéressée.  Elle est riche en développement autant au niveau de la technologie, de l’industrie et des inventions spectaculaires.  Par contre, c’est une époque difficile.  Surmonter l’horreur, combattre la pauvreté et défier la société ne sont que l’arrière-plan de belles histoires.  L’humain est au centre de tous ces enjeux mondiaux et cela permet d’alimenter mon imaginaire.

Quels conseils donneriez-vous à un nouvel auteur?

Écrire.  Toujours écrire, même pour soi : un journal, un carnet de voyage, une histoire…  Et surtout, se faire confiance!  Facile à dire, vous direz… mais c’est essentiel!

Et ensuite, il est très important d’avoir un ou des lecteurs.  Il faut demeurer ouvert aux critiques constructives.  Diversifier vos types de lecteurs afin d’aller chercher l’avis de plusieurs personnes de votre entourage pour ensuite cibler le lecteur type qui pourrait être le plus susceptible d’aimer votre roman.

Toujours s’assurer d’un bon français et d’une bonne structure de phrase.  Mais ce n’est pas l’essentiel.  Il demeure important que l’intrigue soit bien présente pour susciter l’intérêt.

Il faut alors cibler la maison d’édition adaptée au genre de votre roman. Et attendre.

Ne faites pas l’erreur de l’envoyer à plusieurs en même temps, sinon vous pourriez avoir de la difficulté à effectuer un choix.

Et si vous avez des refus… ne vous découragez surtout pas!  Persévérer!

Retravaillez à nouveau votre texte, sans tout jeter aux poubelles et recommencer.  Et retournez-le.

Croyez en votre rêve… tout est possible!

Quels défis avez-vous rencontrés pendant l’écriture du premier tome Des horizons incertains?

Le temps… Je travaille beaucoup et j’ai une vie de famille très prenante.  Mais quand on se passionne pour l’écriture, chaque instant libre est susceptible de se transformer en moment fructueux. Et défi relevé!

J’ai eu de la difficulté à restreindre mes pages.  J’aurais pu écrire facilement un livre de 800 pages.  J’ai dû faire et refaire plusieurs révisions. Et défi relevé!

La pré-ménopause a envahi ma vie et l’insomnie était au rendez-vous, alors très souvent je me suis retrouvée à écrire la nuit.  Mais défi plus ou moins relevé!   Il y a tout de même des choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle!

Avez-vous dû faire de la recherche pour ce roman? Si oui, combien de temps cela vous a-t-il pris?

Oui, beaucoup.  Au moins 2 ans de recherche et 2 à 3 ans d’écriture.  Je crois qu’il est essentiel de faire des recherches poussées quand on écrit un roman d’époque sinon le lecteur va très vite se rendre compte que ce ne peut pas être plausible. C’est comme une mélodie avec de fausses notes.

Il faut considérer tous les aspects importants.  Tout d’abord, j’ai fait beaucoup de lecture sur la société au Québec en 1920, comment elle était composée, ses valeurs, les rôles de chaque individu.  Les relations amoureuses entre un homme et une femme dans ces années-là, comparativement à aujourd’hui, sont tout de même différentes.  L’homme pourvoyeur et la femme au foyer étaient loin de la Révolution tranquille. De grands bouleversements sont survenus au cours du siècle, mais je me devais de me renseigner sur les différents événements qui ont influencé les sociétés québécoises et italiennes : le droit de vote des femmes, le travail, le fascisme, le développement des hôpitaux, la religion, etc.

dans l’évolution de la psychiatrie : ses diagnostics, ses méthodes, ses médicaments et ses interventions.  J’ai étudié le parcours d’Émilie Gamelin, de la Congrégation des Sœurs de la Providence, qui a été à l’origine de la création de cet asile.  J’ai visité la congrégation à Montréal et j’ai pu consulter des entrevues et des archives.  J’ai poussé mes recherches sur le développement de l’Asile (son nombre de patients, du personnel, des sœurs, etc.) pour chaque année de mon livre.

La majorité de mes recherches se sont consacrées sur la culture des oliviers et l’histoire de l’évolution de la psychiatrie.  Quand on met les pieds dans les couloirs de l’hôpital Louis-H-Lafontaine (anciennement Asile St-Jean-de-Dieu), nous sommes témoins de la détresse humaine.  J’ai répertorié plusieurs éléments

Toutes ces investigations m’ont permis d’écrire des scènes adaptées sur la réalité de l’époque.  C’est ce qui rend le récit enrichissant.

Écoutez-vous de la musique pendant que vous écrivez? Si oui, avez-vous une chanson fétiche?

Pas toujours.  Cela dépend des circonstances. Habituellement. j’écoute du classique comme musique de bruit de fond.  Parfois, je vais vers la musique des années 80 (mes années d’adolescence!).  J’aime une variété de chanteurs et genres différents.  De Aznavour à Elvis à Queen à Ginette Reno…

J’avoue que ma chanson fétiche est : l’hymne à l’amour d’Édith Piaf.  Elle représente la passion et l’amour démesuré!

Quels sont vos prochains projets?

J’ai presque terminé la correction du tome 2.  Sa sortie est prévue à l’automne de cette année.

Je travaille déjà à une possible suite…  Tant que mes personnages m’habiteront, j’aurai de belles histoires à raconter.

Je ne m’arrêterai pas d’écrire et lorsque je prendrai ma retraite, mon temps avantagera assurément la création d’autres projets.


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