jeudi 25 janvier 2024

Transfuges d’Elie Hanson

 

Publié chez Goélette le 17 janvier 2024

230 pages

Lu en format papier

4e de couverture

2055, Detroit. L’Église catholique contrôle les États-Unis depuis une vingtaine d’années. Le gouvernement établi sous ce régime religieux asservit les humains à l’aide d’un module électronique implanté dans leur nuque. Ce « sycophante » surveille la bonne conduite des citoyens et les ramène dans le droit chemin en cas d’incartade. Sous cette dictature, l’homosexualité, les grossesses hors mariage et l’avortement, entre autres, sont punis par des châtiments allant de la prison à l’exécution. Lorsqu’Alicia, dix-sept ans, réalise qu’elle est enceinte, elle doit s’enfuir. Aidée par sa mère, Lorraine, elle essaie de s’échapper vers le Canada, sans succès.

De plus, sa mère décède pendant la tentative d’évasion. Alicia est forcée de s’en remettre à son père, Ian. Or celui-ci est officier dans les forces armées qui font respecter les lois de l’Église. Ian se retrouve devant un dilemme : trahir son engagement envers ses principes et son employeur, ou livrer Alicia aux autorités. Soumis à son sycophante, il renie d’abord sa fille. Mais lorsque dans un instant de lucidité, il l’aide à s’évader, il devient à son tour un fugitif, un renégat, un transfuge. S’ensuit une course contre la montre pour rallier la base de la résistance, près de Montréal. Là-bas, ils seront en sûreté… si le sycophante de Ian les laisse tranquilles.

Mon avis

C’est le premier roman que je lis de cet auteur, mais j’en avais déjà entendu parler grâce aux chroniques de Passy. Avec ce qui se passe en ce moment aux États-Unis et en Europe, le résumé m’a donné envie de découvrir son écriture. Comme la majorité des gens de mon âge, j’ai vécu la vague d’Hunger Games et Divergence, mais Elie Hanson réussi à se différencier. J’ai noté quelques points en commun avec Divergence dans le sens que la protagoniste perd sa mère, qu’elle se fait rejeter par la société, car elle ne respecte pas les règles, mais dès qu’elle fuie et qu’elle tente de retrouver son père, son histoire prend une autre tournure.

Je donne mon étoile du match à Alicia qui a vécu plus que son lot de douleur et qui est demeurée forte malgré les obstacles. C’est le genre de personnage que j’aime voir dans les livres. Sans vous en dire trop, j’ai adoré la résistance et pas seulement parce que je suis une amatrice de Star Wars. J’admire les gens qui vont jusqu’au bout pour ce qu’ils croient vraiment (Quand c’est un but raisonnable et nécessaire) et c’est exactement ce qu’ils font. L’auteur nous réserve même quelques surprises à ce sujet et je vous rassure que cela vaut la peine de lire l’œuvre jusqu’à la fin.

Vous allez trouver quelques passages en lien avec l’Église, mais vous n’avez pas besoin d’être croyant ou en questionnement pour l’apprécier. C’est surtout les effets néfastes qu’une croyance dogmatique peut créer qui sont le point central et cela peut faire réfléchir. Je dirais aussi que la fuite d’Alicia des États-Unis et ses retrouvailles avec son père ainsi que son espoir de vivre dans un milieu plus sécuritaire ressortent davantage et c’est ce qui m’a le plus marqué.

Si comme moi vous ne connaissez pas l’auteur, c’est un excellent roman pour le découvrir. Je lis peu de dystopies, mais j’ai apprécié ma lecture bien que certains éléments m’ont rappelé les actualités de 2023-2024.

Extraits

Rongée par la culpabilité, Alicia demeure avec ses questions restées sans réponse et baisse la tête. Tout est de sa faute. Ses sorties avec Tommy et les conséquences de leur relation ont provoqué tout ce qu’elles affrontent maintenant. Elle est la seule à blâmer. Elle aurait pu placer la moitié de la responsabilité sur les épaules de Tommy, comme c’est le cas dans ce genre de situation, mais il est parti. (p.8)

Ian n’est pas certain des raisons qui poussent les autorités à proposer une thérapie réparatrice. Lui-même n’a jamais observé le moindre succès réel découlant de ces procédés. Il n’a pu que constater que ceux qui subissent ces cures échouent leur réhabilitation Ils finissent tous par se faire exécuter. (p.37)

L’illusion a volé en éclats après avoir prononcé leurs vœux de mariage. Comme si le « Oui » avait causé une rupture dans leur relation. Comme si le contrat devant Dieu venait chasser l’innocence, la passion et les remplaçait par autre chose de malsain. (p.55)

Elle se souvient de cette « pandémie ». Elle avait l’habitude de la qualifier de telle, puisque le conservatisme social et le fanatisme religieux avaient gangréné la société, réduisant petit à petit les libertés individuelles à néant. (p.141)


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