lundi 30 octobre 2023

Kanatuut de Natasha Kanapé Fontaine

 


Publié chez Stanké le 1 novembre 2023

120 pages

Lu en format papier

4e de couverture

 Que signifient ces manifestations étranges en connexion avec les personnages innus ? Est-ce l'intérieur des terres, le Nutshimit, qui souhaite reprendre contact avec le peuple, le réinviter dans ses sentiers pour qu'il recouvre sa mémoire ? Qu'est-ce qui réside dans le territoire, que les Blancs n'ont jamais trouvé, mais qui a toujours ramené les Innus vers le nord, en plein coeur des hivers les plus hostiles ?

La forme courte des nouvelles permet à l'autrice de soumettre le lecteur à sa vision du monde qui l'entoure, elle, au quotidien. Ce dernier est fait de surréalisme, de réalisme magique, d'onirisme ; de créatures fantastiques ou réelles de la tradition orale, d'esprits de l'animisme ancestral qui habitent l'univers contemporain ; de la relation avec un territoire sans merci, qui donne néanmoins aux protagonistes la puissance nécessaire pour survivre dans un monde qui va à l'encontre de leurs valeurs.

Mon avis

C’est la deuxième œuvre que je lis de cette auteure et chaque fois, je sors de ma zone de confort littéraire. Mon imagination vaguait en pensant à des endroits où je n'étais jamais allée. Si vous vous intéressez à la culture autochtone, c’est une écrivaine à découvrir et ce recueil est une bonne suggestion pour connaître sa plume. Les textes sont courts, rythmés et permettent d’en apprendre davantage sur les vie des autochtones. Certaines nouvelles se passent dans le même village, mais les thèmes diffèrent. Les protagonistes changent d’un récit à l’autre, ce qui vous permet d’apprécier la diversité et de s’attacher à eux bien que l’auteure aille directement au but. Chacun des mots a sa place et malgré la longueur de l’histoire, vous pouvez ressentir ce que le protagoniste vit en utilisant les 5 sens.

Si vous éprouvez de la difficulté à vous concentrer ou que vous avez peu de temps devant vous, c’est une belle suggestion. Non seulement les mots de l’auteure vous feront voyager, mais vous pouvez lire une nouvelle sans perdre le fil lorsque vous allez y retourner plus tard. Mon texte préféré est Le nom de l’amour, car c’est avec Shatshititum que j’ai ressenti davantage de connexion surtout lorsqu’elle tentait de comprendre d’où venait l’origine de son prénom.

Extraits

Après sa marche matinale, elle pouvait voir le nombre de voitures augmenter de demi-heure en demi-heure en sirotant sa tasse de Maxwell House. Cette marque goûtait tellement différente ailleurs – est-ce que c’était la cuillérée de café de plus que les innus y mettaient? (p.20)

Tout ce que je constate jour après jour, c’est le manque d’amour qu’il y a dans cette maison. On dirait qu’entre mes parents il y a un vide, un fleuve béant comme celui qui longe le village ici, à Pessamit. (p.51)

J’suis fatiguée de te voir semblant de vivre une vie! (p.67)

« Il était plutôt pour me voir. Retourne chez toi. Et quand tu en auras besoin, tu sauras où me trouver. (p.85)

Je manque de confiance.

C’est la principale raison de tout. De tout. La fondation qui me manque, qui se dérobe à moi chaque fois que je fais un pas en sa direction. La confiance. Ce mot qui sonne comme un poème pour les Blancs, et qui pourtant ne fait jamais partie de la poésie qu’ils écrivent. (p.90)

 


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