vendredi 29 septembre 2023

Rudesse d’Audrey Lemieux


 

Publié chez Leméac le 23 août 2023

126 pages

Lu en format papier

4e de couverture

Ils n’ont pas de nom, ces enfants nés sur une ferme, dans un paysage vaste, déployé, sans commencement ni fin. Ils sont, filles et garçon, « de la même peau ». Dressés pour obéir, pour endurer, ils partagent le même fonds obscur, la même « fierté de souffrir ».

Pendant que le frère fait des anges dans la gravelle, les filles, les unes après les autres, partent à la ville. Mais elles restent, malgré elles, enchaînées aux terres plates et râpeuses, reliées par les nerfs, par les fils électriques, à la colère qui crépite.

Mon avis

C’est un livre très différent de ce que j’ai l’habitude de lire et je vous avoue que ce n’est pas facile pour moi de le chroniquer. Comme la 4e de couverture le mentionne, les personnages n’ont pas de nom, alors c’est difficile de savoir qui raconte le récit du chapitre. C'est principalement l’histoire d’une enfance avec une mère peu aimante et un père qui ne démontre pas d’émotion.

Seulement quelques pages sont d’un point de vue masculin, alors je devinais que les autres étaient une des sœurs qui est la protagoniste. On y trouve plusieurs éléments en commun de leur enfance qui reviennent et qui m’ont permis de relativiser la mienne. Ce n’est pas un roman lumineux, mais il permet de voir à quel point les événements qui se déroulent pendant la jeunesse affectent les adultes de demain.

C’est un livre court que je recommanderais à ceux qui manquent de temps, mais qui souhaitent lire. Chaque chapitre est indépendant, vous pouvez donc prendre une pause entre chacun d’entre eux pour y retourner plus tard.

Extraits

Mais les patrons ne cessaient de le clamer : ils préféraient la concurrence à la collégialité. Ils leur étaient égal que nous nous liguions les uns contre les autres, pourvu que nous nous contorsionnions de l’intérieur, comme de vieux tubes de dentifrice, pour livrer le meilleur de nous-mêmes, c’est-à-dire encore quelque chose, même quand, sous l’effet de la pression, il nous semblait que toutes nos ressources avaient été épuisées. (p.17)

Il m’a toujours été impossible de rester en place, alors j’ai appris, à l’école comme au travail, à bouger de façon imperceptible, à m’étirer toutes les cinq minutes, sans que personne s’en rende compte. (p.36)

On ne cesse de me dire que je suis trop sensible, que j’ai la peau trop mince. On me dit de me forger une meilleure carapace. Il est vrai que je suis nerveuse – je tressaille à rien, mon regard cille sans raison. Comme on rit de moi! (p.72)

Les livres permettaient cela aussi. Nous en empruntions beaucoup à la bibliothèque de l’école. Notre mère, dès qu’elle nous voyait lire, nous trait de paresseuse. Parfois, elle nous dérobait nos livres, les cachait. Nous envoyions notre petite sœur en éclaireuse dans la chambre défendue – il n’était pas rare qu’elle parvienne à remplacer le livre volé par un autre livre. (p.83)

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