Publié chez
Leméac le 23 août 2023
126 pages
Lu en format
papier
4e
de couverture
Ils n’ont pas de
nom, ces enfants nés sur une ferme, dans un paysage vaste, déployé, sans
commencement ni fin. Ils sont, filles et garçon, « de la même peau ». Dressés
pour obéir, pour endurer, ils partagent le même fonds obscur, la même « fierté
de souffrir ».
Pendant que le
frère fait des anges dans la gravelle, les filles, les unes après les autres,
partent à la ville. Mais elles restent, malgré elles, enchaînées aux terres
plates et râpeuses, reliées par les nerfs, par les fils électriques, à la
colère qui crépite.
Mon avis
C’est un livre très différent de ce que j’ai l’habitude de
lire et je vous avoue que ce n’est pas facile pour moi de le chroniquer. Comme
la 4e de couverture le mentionne, les personnages n’ont pas de nom,
alors c’est difficile de savoir qui raconte le récit du chapitre. C'est
principalement l’histoire d’une enfance avec une mère peu aimante et un père
qui ne démontre pas d’émotion.
Seulement quelques pages sont d’un point de vue masculin,
alors je devinais que les autres étaient une des sœurs qui est la protagoniste.
On y trouve plusieurs éléments en commun de leur enfance qui reviennent et qui
m’ont permis de relativiser la mienne. Ce n’est pas un roman lumineux, mais il
permet de voir à quel point les événements qui se déroulent pendant la jeunesse
affectent les adultes de demain.
C’est un livre court que je recommanderais à ceux qui
manquent de temps, mais qui souhaitent lire. Chaque chapitre est indépendant,
vous pouvez donc prendre une pause entre chacun d’entre eux pour y retourner
plus tard.
Extraits
Mais les patrons ne cessaient de le clamer : ils
préféraient la concurrence à la collégialité. Ils leur étaient égal que nous
nous liguions les uns contre les autres, pourvu que nous nous contorsionnions
de l’intérieur, comme de vieux tubes de dentifrice, pour livrer le meilleur de
nous-mêmes, c’est-à-dire encore quelque chose, même quand, sous l’effet
de la pression, il nous semblait que toutes nos ressources avaient été
épuisées. (p.17)
Il m’a toujours été impossible de rester en place, alors
j’ai appris, à l’école comme au travail, à bouger de façon imperceptible, à
m’étirer toutes les cinq minutes, sans que personne s’en rende compte. (p.36)
On ne cesse de me dire que je suis trop sensible, que j’ai
la peau trop mince. On me dit de me forger une meilleure carapace. Il est vrai
que je suis nerveuse – je tressaille à rien, mon regard cille sans raison.
Comme on rit de moi! (p.72)
Les livres permettaient cela aussi. Nous en empruntions
beaucoup à la bibliothèque de l’école. Notre mère, dès qu’elle nous voyait
lire, nous trait de paresseuse. Parfois, elle nous dérobait nos livres, les
cachait. Nous envoyions notre petite sœur en éclaireuse dans la chambre
défendue – il n’était pas rare qu’elle parvienne à remplacer le livre volé par
un autre livre. (p.83)
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