Publié chez les éditions Leméac le 1 février 2023
212 pages
4e de couverture
Années 90. Trois jeunes adultes, représentants
désillusionnés de la génération X, traînent à Montréal leurs blessures et leurs
rêves tout en cherchant le mode d’emploi d’un monde dans lequel ils
ne se reconnaissent pas.
Une voix est ici donnée à Julie, prisonnière de son héritage
familial, à Mélanie, intellectuelle féministe, et à Laurent, drop-out
passionné de photographie. Le trio d’amis, qui s’étourdit aux Foufounes
électriques et enfile les joints, est plongé au cœur d’événements
marquants : le féminicide de Polytechnique, la chute du mur de
Berlin, la guerre du Golfe, le combat de Chantal Daigle pour le droit à
l’avortement, les émeutes de Los Angeles...
La musique de Radiohead, Plume Latraverse, Robert
Charlebois, Richard Desjardins, Pink Floyd, Bérurier Noir, Rage Against
the Machine, Daniel Bélanger accompagne les protagonistes et donne
un rythme fascinant à ceroman emblématique d’une époque pas
si lointaine, où planait le spectre du nouveau millénaire.
Mon avis
L’histoire se déroule de 89 à 92 avant de terminer en 1999.
Je n’ai que quelques souvenirs du début de la décennie puisque j’étais très
jeune, mais ce n’était pas nécessairement plus facile que de nos jours. En
parcourant les pages de cette œuvre, j’ai réalisé que chaque décennie fait face
à son lot d’épreuves et que chacun d’entre nous fait de son mieux pour s’en
sortir.
En lisant la 4e de couverture, j’avais
l’impression que l’histoire ressemblerait à La déesse des mouches à feu, mais
avec des personnages un peu plus âgés.
L’atmosphère est semblable. L’amitié, la recherche d’identité, le
passage à l’âge adulte sont des thèmes abordés au fil des chapitres et bien que
je ne fais plus partie de ce groupe, j’ai aimé replonger dans cette époque lorsque
la technologie prenait moins de place, mais les jeunes adultes devaient affronter
différents problèmes. C’est vraiment la musique qui m’a donné envie de me
procurer le livre et noter mes nouvelles découvertes, car plusieurs chansons
mentionnées m’étaient inconnues.
Je donne mon étoile du match à Mélanie, dans la bande
d’amis, c’est le personnage dans lequel je me suis davantage reconnue. J’ai
adoré son côté féministe qui ne se laisse pas marcher sur les pieds. Elle aide
Julie à traverser un moment difficile, un thème important à aborder. Je garde
le suspense.
Je suis reconnaissante que l’auteure mentionne des
événements historiques marquants qui se sont déroulés pendant cette période.
J’en ai entendu parer aux nouvelles et dans les cours d’histoire, mais j’ai
aimé le voir d’un point de vue d’une personne adulte qui les vivait.
Je tiens toutefois à vous aviser que l’écriture est assez
crue. Les thèmes abordés ne sont pas une marche tranquille sous le soleil. Je
m’y attendais après avoir lu le derrière du livre et je dirais que c’est un
autre point en commun avec l’œuvre de Geneviève Pettersen.
Extraits
Demain des clients rugiront dans ses oreilles, demain elle
essaiera de ne pas vomir en poursuivant son mémoire de maîtrise, demain elle se
disputera avec son chum. Des. Des décisions. Des changements. FUUUUCK! (p.18)
Ceux que sa grande gueule n’intimidait pas finissaient assez
rapidement par critiquer ce qui les avait allumés. Se passionner, revendiquer,
exiger, militer, augmenter, contester, jurer est suffisant pour que fuse le
reproche. La colère, la révolte, l’insoumission, ça ne sied pas à une femme.
C’est vulgaire et pas très joli. Mesdames, serrez les lèvres et ouvrez les
jambes (p.27)
Sa mère lui avait appris à ne pas se réjouir à l’avance. Les
déceptions sont ainsi potentiellement moins nombreuses et moins douloureuses.
Sa devise : garder ses aspirations pour soi et s’attendre au pire. (p.38)
D’autant que Julie, Laurent, Mélanie et leurs amis fêteront
leurs vingt ans en 1990, mais ils ne regardent pas en arrière pour tirer des
leçons, aiguiller la suite, apprendre de leurs erreurs. Le monde non plus,
d’ailleurs. Que dit-on déjà : plus ça change, plus c’est pareil? (p.69)
Après avoir passé son adolescence à lire des romans d’amour
convenus, clichés, stéréotypés, elle entend de nouvelles voix qui ne refusent
ni la fragilité, ni la fêlure, ni la faille, ni l’abandon, des voix venues de
l’intérieur de la nuit, et, pourtant, illuminées d’éclats d’humanité qui
l’invitent à rendre son moi poreux, sensible, présent, attentif. (p.151)
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