Biographie
Sylvain Lemay (Ph.
D.) est Professeur titulaire (Full Professor) à l’Université du Québec en
Outaouais (UQO) depuis 1999.
Détenteur d’un
doctorat en études littéraires de l’UQÀM, Sylvain Lemay a été engagé pour démarrer
la toute première formation universitaire en bande dessinée au Canada,
programme qui s’est mérité le Prix Albert-Chartier en 2010 aux Bédéis
Causa.
Sylvain Lemay a
publié en 2010, en collaboration avec André St-Georges, une bande dessinée
intitulée Pour en finir avec novembre (Mécanique générale), pour
laquelle il a été en nomination comme scénariste de l’année au Canada (Shuster
Awards) et en tant qu’auteur s’étant le plus illustré avec sa première
publication au Québec (Bédéis Causa). Il a aussi publié Du Chiendent dans
le Printemps, un essai sur la bande dessinée québécoise des années 1970
(éditions Mém9ire, 2016). Ce livre a été
finaliste au prix Coup de cœur de la Ville de Gatineau.
Sa dernière bande
dessinée, Rouge avril, toujours avec André St-Georges au dessin, a été publiée
en février 2022 chez Mécanique générale. La même année, il publie son premier
roman, Ce n’est pas la première fois que je meurs aux éditions Somme toute.
Il a collaboré à
des ouvrages collectifs au Canada et en France, notamment, aux éditions de
l’Harmattan, Fides, La Pastèque et les 400 coups. Il a publié des articles dans
différentes revues : Médiation et information, Alternative francophone,
Lurelu, Trip, Spirale, etc.
Il a été invité en
tant qu’auteur aux festivals de bande dessinée de Québec, Bruxelles, Lyon et
Hanoï. Il a partagé le fruit de ses recherches dans des colloques et des
universités à Toronto, Edmonton, Regina, Lyon, Angoulême, Lévis, Ottawa et
Sherbrooke.
Membre du comité
organisateur du Rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau dès les débuts de
ce festival (2000-2009), il est le Président-fondateur de l’organisme qui a
relancé ce festival en 2013.
Il est également le
fondateur de la Bédéthèque québécoise de la bibliothèque de l’UQO, membre fondateur
de la maison d’édition en bande dessinée Premières lignes et créateur du Prix
Marc-Olivier-Lavertu remis à un auteur québécois depuis 2006.
Il est le récipiendaire du Prix d’excellence des professeurs de l’Université du Québec en Outaouais pour l’implication dans le milieu en novembre 2019 et il a reçu le Prix Hommage de la ville de Gatineau en 2022.
Crédit : Sylvain Lemay
- Babelio
Questions
D’où vous vient votre intérêt pour la bande dessinée?
Je crois que ça
vient avant tout de mon goût de la lecture. Seul enfant dans un monde
d’adultes, j’ai eu l’impression de rejoindre un peu ce monde quand j’ai
commencé à apprendre à lire. Je me souviens qu’en voiture avec mes parents, je
lisais toutes les pancartes, toutes les affiches, toutes les devantures des
magasins, etc. Puis, je me suis plongé dans les livres. Toutes les sortes de
livres, notamment, les Clan des sept, Club des cinq, Comtesse de Ségur, Tintin,
Lucky Luke, Astérix, etc. Puis un jour où j’avais manqué l’école parce que
j’étais grippé, ma grande soeur Carole qui travaillait dans une bibliothèque
m’avait rapporté quelques bandes dessinées pour me désennuyer. Il y avait des
Spirou de Franquin (Le repaire de la murène et Le gorille a bonne mine) et des
Gil Jourdan de Tillieux (La voiture immergée et Les moines rouges). Ce fut un
choc. En y réfléchissant, je crois que c’est à ce moment précis que s’est
produit le déclic. Je n’étais plus juste passionné de lecture, mais bien de
bande dessinée. Les histoires racontées, les façons dont cela était raconté,
les atmosphères qui se dégageaient de ces albums, le mélange d’aventure et
d’humour, le trait et le dynamisme des dessinateurs, le rythme des récits, etc
; bref, ce fut un coup de foudre. Et je n’ai jamais arrêté, poursuivant mes
lectures et découvertes en dilettante.
Des années plus
tard, à l’université en études littéraires, j’avais commencé un mémoire de
maîtrise sur l’écrivain américain, Paul Auster. Lors d’un séminaire, un
étudiant parlant d’un auteur américain a dit : «Mais moi, je ne suis pas un spécialiste de la
littérature américaine comme Sylvain Lemay.» Ça m’a fait réfléchir. Est-ce que
je voulais être reconnu en tant que spécialiste de littérature américaine ? De
quoi aimerais-je être un spécialiste ? C’est là que j’ai pris la décision de me
spécialiser en bande dessinée québécoise et d’abandonner Paul Auster pour Réal
Godbout et Pierre Fournier. Certaines personnes au département me prenaient
pour un fou à l’époque, disant que je me fermais des portes. Cinq ans plus
tard, j’étais engagé pour démarrer la première formation universitaire en bande
dessinée au Canada et je reçois aujourd’hui, près de 25 ans plus tard, le Prix
Hommage de la ville de Gatineau pour mon travail. Je crois avoir fait un bon
choix ;-)
Selon vous, quelles sont les principales qualités d’un président d’un événement comme le rendez-vous de la bande dessinée de Gatineau?
Je ne sais pas si je possède vraiment ces qualités, mais je crois que ça
prend quelqu’un de rassembleur et à l’écoute des autres. Si nous approchons de
notre vingtième édition, c’est parce qu’il y a une équipe solide autour de moi.
Et si le président est celui dont on voit le visage le plus souvent, ce n’est
pas lui qui travaille le plus ;-) Ça prend aussi quelqu’un de disponible parce
qu’organiser un tel événement, année après année, ça prend beaucoup de temps et
de réunions.
Quels défis avez-vous
rencontrés lors de la création de votre première œuvre?
J’imagine que vous voulez parler de mon premier livre, Pour en finir avec
novembre ? C’est une bande dessinée que j’ai scénarisée et qui a été dessinée
par André St-Georges. Le livre a été publié chez Mécanique générale en 2010. Le
plus grand défi a été de trouver du temps pour écrire le scénario. Avec un
emploi à temps (plus que) plein et deux enfants en bas âge, il me fallait
écrire dès que je trouvais un moment, peu importe l’état (notamment la fatigue)
dans lequel je me trouvais. Il faut oublier le moment parfait pour
écrire : un nouveau cahier, une belle musique, un café à la bonne
température, etc. Il faut parfois écrire quand on peut écrire.
Le deuxième défi a été de faire publier le livre. Par contre, puisque j’étais dans le milieu depuis plusieurs années, cela a sûrement facilité les contacts. Mais le livre ne devait pas être mauvais puisqu’il a été bien reçu par la critique, récoltant même des nominations aux prix Bédéis causa au festival de bande dessinée de Québec et aux Shuster Awards à Toronto ;-)
Quels
conseils donneriez-vous à une personne qui souhaiterait percer dans ce domaine?
Pour faire de la bande dessinée, le mieux c’est encore de venir étudier à
l’UQO ;-) Sinon, je dirais de dessiner beaucoup et de surtout de raconter des
histoires. La bande dessinée ce n’est pas juste de créer des personnages, c’est
de les faire vivre. Il faut aussi être curieux, lire beaucoup (et pas que des
bandes dessinées) et s’intéresser à plein de choses. Il faut aussi regarder ce
qui se publie au Québec en ce moment, connaître les différentes maisons
d’édition et les différents styles afin d’y trouver un jour sa propre place.
Quelles sont
vos suggestions de bandes dessinées québécoises?
Il y en a trop
et j’aurais peur d’en oublier. Mais voici quelques-uns de mes derniers coups de
coeur :
Le petit
astronaute de Jean-Paul Eid ;
La Bombe de
Denis Rodier (scénario d’Alcante et Bollée)
La cité oblique
et Mégantic, un train dans la nuit de Christian Quesnel (scénarios d’Ariane
Gélinas et Anne-Marie Saint-Cerny)
Quels sont
vos prochains projets?
J’ai toujours
eu plein d’histoires et de projets dans ma tête et maintenant que j’ai quitté
mon poste d’administrateur à l’université, j’espère pouvoir tous les terminer.
Je travaille en ce moment sur une bande dessinée avec Jérôme Mercier sur un
personnage qui pense à son père décédé en réécoutant des chansons de son
chanteur préféré, Claude François. Je travaille également sur la suite de Pour
en finir avec novembre et Rouge avril ; Octobre vert. Je travaille aussi sur un
essai sur l’œuvre de Réal Godbout et sur un récit portant sur le syndrome de
l’imposteur ainsi que sur un roman policier se déroulant dans l’univers des
collectionneurs de bande dessinée. Bref, j’ai de quoi m’occuper ;-)
Quel beau parcours! Félicitations Sylvain!
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