Biographie
Dès mes études, j’ai été fasciné par ce que peuvent
nous faire ressentir les mots. Shakespeare pour le drame, Molière pour la
drôlerie, Nelligan pour l’émotion. Grâce à la bibliothèque de mon père, j’ai découvert
Alexandre le Grand, la Révolution américaine, le Comité de salut public, et
tant d’autres univers.
Le plaisir des mots et la quête du passé agirent
sur moi comme une injection double d’un virus mortel : vouloir raconter ce
qui a été. La vie voulut que je travaille en informatique durant quarante ans.
Mais les mots me suivaient, à un point tel que j'ai éventuellement fondé une
entreprise en rédaction et traduction techniques.
Pendant toutes ces années, et encore aujourd’hui,
j’achetais des ouvrages d’Histoire, étant fasciné, entre autres, par la période
napoléonienne qui a convulsé tout un continent.
Une question me turlupinait sans cesse :
comment était-ce de vivre, d’aimer, de se battre, à ces autres époques ?
Comment les hommes et les femmes, les braves et les
couards, les honnêtes gens et les traîtres, ressentaient-ils la vie ? Quelle
était, alors, la place de l’amour, la haine, la jalousie, l’amitié ?
Et j’ai
alors commencé à écrire Les plaines de Nouvelle-France. Mon processus
d’écriture est, en partie, méthodique. Des semaines de recherche documentaire
pour bien situer le contexte, les enjeux et l’ambiance de l’époque. Un plan
détaillé, des profils de personnages, une réflexion sur les relations entre
ceux-ci, les intrigues et les événements contextuels. Le tout jeté sur papier,
pour ne pas que j’oublie…
Mais quand
vient le temps de poser les doigts sur le clavier, tout devient instinct. Les
mots, les intonations, le rythme des phrases et de la cadence des dialogues
déboulent, sont brassés, replacés, raturés, modifiés, nuancés, jusqu’à ce que
j’arrive à quelque chose qui m’émeut.
Et tout cela
est fort plaisant.
Crédit : Francois
Guilbault - Biographie | Francois Guilbault Auteur
Questions
D’où vient ta passion pour l’écriture de roman
historique?
Pour moi,
l’Histoire est un roman. Pleine d’intrigues, habitée des personnages les plus
divers. Le sort des hommes s’y dessine à grands coups de pinceaux. L’Histoire,
c’est aussi des costumes, des nourritures, des coutumes différentes des nôtres,
souvent oubliées. La dimension roman me permet de mettre l’accent où je le
désire. Soit un personnage fictif ou un personnage réel. Deux défis différents.
Le personnage fictif, il faut lui donner la couleur de l’époque, le rendre à
l’aise dans un univers à découvrir. Le personnage réel, il faut aller à sa
découverte. Il se cache sous le vernis des ouvrages historiques classiques. Que
vaut un personnage historique si l’on ne peut le toucher, le ressentir,
pénétrer dans ses pensées ? Bien peu, je le crains. Par le roman historique, je
rends hommage aux événements qui nous ont modelés, je célèbre les hommes et les
femmes qui nous ont précédés.
Quels défis as-tu rencontré en écrivant la série
Femmes de liberté?
Le plus gros défi a
été d’écrire Les plaines de Nouvelle-France, le premier tome de cette
saga. Ce travail s’échelonna sur vingt-cinq ans, avec de longues périodes de
pause entre deux élans. Aujourd’hui, je peux dire avec confiance que j’étais dû
pour écrire ce roman. Le plus difficile fut la dernière fois où j’ai tenté de
le reprendre. J’avais peur de bloquer à nouveau. Je me suis dit :
« Contente-toi d’écrire la prochaine page. Si tu aimes, écris-en une autre
demain. » Et j’ai aimé. J’ai même beaucoup aimé.
Le second défi,
concerne le second tome, 13 étoiles (partie I et II). J’ai voulu
pénétrer dans le quotidien d’une petite cellule familiale expatriée. Je
désirais vivre l’Histoire dans une cuisine de Caroline du Sud. J’espérais
partager avec le lecteur la plus belle jeune fille que je n’ai jamais
connue : Moone Pasquin (l’ombre de ma petite-fille). Je voulais, comme
homme, apprivoiser le passage d’une jeune fille à l’âge adulte.
Finalement, dans Révolution,
le troisième tome, je me suis donné comme défi de présenter, au début du roman,
une grosse dizaine de personnages sans liens trop spécifiques pour les faire
tous aboutir dans la scène finale, chacun y trouvant sa destinée ultime. Il y
avait aussi le défi de donner un goût de Provence à mon écriture.
Est-ce qu’il y a une période sur laquelle tu ne
voudrais pas écrire?
La période
contemporaine m’indiffère quand je pense à la notion de roman historique. C’est
trop moderne et j’ai de la difficulté à y trouver des héros. Un roman
contemporain 100% roman, peut-être.
Parmi tous les personnages historiques, pourquoi
avoir choisi Napoléon et Boadicée ?
Chose étonnante,
c’est plus Joséphine que Napoléon que j’ai choisie pour mon roman Napoléon.
C’est elle que j’avais de la difficulté à comprendre. Je trouvais difficile de
saisir son essence, malgré les six livres que j’ai à son sujet. Quant à
Napoléon, je suis un fan, depuis plus de quarante ans. J’ai déjà possédé plus
de quatre cents ouvrages sur lui et cette époque qui me fascine toujours.
C’est grâce à
Antonia Fraser, une historienne britannique, que j’ai vraiment connu Boadicée.
Madame Fraser a écrit, entre autres, un livre sur les reines guerrières où elle
présente les différents mythes et concepts sociaux et politiques entourant ces
femmes hors du commun. Boadicée est l’épine dorsale de ce livre car, dans
l’histoire britannique, elle occupe une place de premier ordre depuis l’époque
victorienne, moment où elle fut réhabilitée. Pour moi, Boadicée a tout. La
force physique et de caractère, le sauvage de la femme insoumise, l’amour
maternel, la passion pour son homme, la fierté, la résolution de ne jamais
abandonner, la fidélité en amitié. Mais surtout le respect pour elle-même qui,
lorsque violé, la rendra folle de vengeance. Boadicée, c’est l’extrême sous
toutes ses formes. Comment résister à un tel personnage ?
As-tu une routine d’écriture?
Le matin, très tôt,
je me lève, j’enfile deux, trois cafés en écoutant les nouvelles, puis je
m’assieds devant l’ordi. Et j’écris la prochaine page, la fameuse prochaine
page. Vais-je en écrire une, deux, quatre, six ? Aucune idée. Habituellement,
au bout de deux heures, peut-être trois, je suis à sec. Alors, je remets le
tout au lendemain. Toutefois, je dois vous avouer que, depuis quelque temps, je
me surprends à revenir à mon écriture avant le souper, en prenant l’apéro.
Comme si l’idée du matin avait pris plus de forme, s’était précisée.
Mais l’écriture à
l’ordi n’est pas la seule à laquelle je m’adonne. À chaque heure de la journée,
j’ai mon livre en tête. J’y pense. Je réfléchis. Je soupèse les personnages,
les événements, les intrigues. Je me questionne sur le rythme, les dialogues,
les descriptions. Je pondère l’équilibre entre histoire et fiction. Je trouve
des formules, des phrases, des façons de dire, de raconter. C’est peut-être ce
qui explique que je sois si prêt à 7h30 pour écrire la prochaine page.
Aimes-tu faire des recherches avant de commencer un
nouveau projet?
J’adore la
recherche, parce que j’apprends plein de choses ! Qu’est-ce qui faisait tiquer
un personnage historique ? Pourquoi telle situation ou tel événement avait-il
de l’importance ? Quelle était la perception de l’Église au début de la
Renaissance ? Les Romains étaient-ils aussi misogynes que les historiens
contemporains le laissent entendre ? Si oui, quel en était l’impact sur les
femmes de l’époque ? Nîmes, en 1789, de quoi avait-elle l’air ? Comment se
faisait le trajet Québec-Montréal à l’époque de Montcalm ? Était-ce plaisant ?
Pénible ? Où couchait-on en route ? Comment les cinq mille Blancs de la
Caroline du Sud vivaient-ils entourés de dix fois plus de Noirs, la plupart
étant des esclaves ?
Je vous présente
l’ultime plaisir de mes recherches historiques. Dans Les plaines de
Nouvelle-France, on retrouve le marquis de Montcalm, dont la principale
résidence en France était à Candiac, à quelques kilomètres à l’ouest de Nîmes.
À la fin de 13 étoiles, je décide que Moone partira pour la France car
elle est mariée à Lucien de Maugeois, seigneur de Boissières. Mais c’est où
Boissières ? Je l’ignorais. C’est un roman, je peux donc inventer ce que je
veux et j’aimais la sonorité du mot. Alors je vais voir sur Google Maps au cas
où Boissières existerait pour vrai. Et, oh surprise ! c’est à cinq kilomètres
de Candiac !!!!! Je suis allé me verser un bon verre de vin !! C’était plus que
parfait pour le scénario du dernier tome, Révolution qui se déroule à
Nîmes !
Combien de temps y consacres-tu?
Cela dépend
beaucoup de ma familiarité avec l’époque sur laquelle je désire écrire. Si
c’est l’époque napoléonienne, c’est un travail rapide et facile. Dans ce sens,
pour Napoléon, je n’ai eu qu’à revisiter sa correspondance avec
Joséphine. Cependant, des périodes comme celle de Boadicée représentent plus de
travail. Un mois, parfois deux mois de lectures, de recherches sur le net, de
prise de notes. Et même quand l’écriture est amorcée, les recherches se
poursuivent. Il y a toujours des détails que l’on a oublié d’explorer.
Quels sont tes prochains projets?
Dans quelques
semaines, en juin, j’ai un nouveau roman qui se retrouvera sur les tablettes
des libraires. À l’automne, mon septième roman paraîtra dans la série Les
grandes passions de l’Histoire aux Éditions Monarque (groupe ADA). Il va sans
dire que ce sont des projets terminés. Présentement j’ai plus de quarante mille
mots d’écrits sur mon prochain roman historique. Je pense en être au tiers, mais
je n’en suis pas certain. Je désire explorer dans ce nouvel ouvrage la quête de
pouvoir d’une femme. Pour me désennuyer, j’ai amorcé la recherche sur un
nouveau projet qui se situera dans une époque que je n’ai pas encore explorée.
La recherche est plus fastidieuse, mais heureusement j’ai de bonnes sources. Ça
me permet de faire des pauses occasionnelles.
Mes chroniques
Sur les plaines de la Nouvelle-France - Une
lectrice compulsive: Les plaines de Nouvelle-France par François Guilbault
13 étoiles – Tome 1 - Une
lectrice compulsive: 13 étoiles - Tome 1 de François Guilbault
13 étoiles – Tome 2- Une
lectrice compulsive: 13 étoiles - Tome 2 de François Guilbault
Révolution - Une
lectrice compulsive: Révolution de François Guilbault
Boadicée - Une
lectrice compulsive: Boadicée de François Guilbault
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