Je remercie Nathalie Dion pour la photo de l'auteure
Biographie
Italienne et française
d’origine, Camilla Sironi vit au Québec depuis plus d’une quinzaine d’années.
Mère de deux jeunes enfants et entrepreneuse sociale, elle se passionne pour la
littérature. Les femmes de bois est son deuxième roman.
Crédit : Communiqué de
presse des éditions Au carré
Questions
Note de l’auteure : Pour
ne pas alourdir le texte, nous nous conformons à la règle qui permet d’utiliser le féminin avec la valeur de neutre.
Ce n’est surement pas une
règle officielle, par ailleurs. Pas encore, du moins. Mais qui sait, peut-être
un jour on pourra choisir de s’adresser au grand nombre dans le genre de notre
choix.
On serait tout à fait rendues
là, comme société.
Quelles sont vos sources d’inspiration
?
Mes sources d’inspiration se
trouvent souvent dans la vie. J’aime écrire sur ce que je ne comprends pas et
que je trouve riche de sens — des situations, relations, façons d’évoluer dans
la trame des années. La matière de l’écriture est sous mes mains, constamment,
et en l’écrivant je l’explore; et en l’explorant, je me laisse surprendre, et
apprendre. J’agis comme une sorte d’observatrice active, impliquée dans son
enquête. Les femmes de bois, par exemple, est né du désir de raconter la
genèse d’une amitié profonde, libératrice ; puis d’autres thèmes se sont
rattachés, tout naturellement, par eux-mêmes : la reconquête personnelle
de deux femmes à la croisée des chemins dans leur existence, l’effritement d’un
couple qui ne fonctionne plus, et d’autres encore.
Je me rends compte que je
m’intéresse de plus en plus à ces textes qui embrassent une vocation plus
ample, qui fait appel à notre humanité, que le plaisir pour la seule narration.
J’aime ces lectures qui me laissent avec un esprit élargi, qui peut accueillir
plus grand. Je pense à des romans de Félix Leclerc, Éric-Emmanuel Schmitt,
Dominique Fortier, entre autres, qui m’inspirent aussi par la finesse de leur
trait, leur ligne poétique, leur intention profonde.
Quels conseils donneriez-vous
à un nouvel auteur ?
Le premier, que je me répète
aussi souvent, est de suspendre la voix critique intérieure. Car la plupart des
textes pondus ne sont pas destinés à être publiés. Autant que possible, il ne
faut pas dénigrer ce qu’on écrit, et traiter chaque moment d’écriture, aussi
rapide ou distrait soit-il, comme une pierre sur notre chemin. Il m’est arrivé
de retomber sur des textes que j’avais rédigés il y a longtemps, et que j’avais
écartés comme étant mauvais. En les relisant, j’y ai trouvé une vérité, une
graine d’authenticité, une beauté qui, jadis, étaient ensevelies sous mon
jugement trop dur.
Le deuxième, c’est de nourrir la vision, croire que c’est possible. Car ça l’est.
C’est la fin du marathon qui nous fait entraîner pendant des mois, dans les
bonnes et moins bonnes journées, qui font toutes partie du parcours. C’est la
vision qui nous garde attachées au projet d’écriture, qui nous permet de ne pas
perdre espoir. On peut prendre des pauses, mais si la vision est forte, si
l’amour pour ce qu’on veut raconter est sincère, le projet reste là, en
deuxième plan, prêt pour qu’on reprenne le travail, dans la salle d’attente de
notre vie. C’est une forme de conscience, en fait. On habite avec et dans
l’histoire pendant longtemps, qu’on soit en train de l’écrire ou pas.
Le troisième, c’est de rester soi-même. Lorsqu’on écrit avec une trop forte
conscience des lectrices, ça peut avoir un effet castrateur, on peut finir par
s’autocensurer. Le regard des autres peut devenir pesant face au geste d’écrire
qui, lui, se veut tout léger et doit se sentir libre pour se déployer
pleinement. Ce que j’essaye de faire maintenant, et que j’ai appris avec le
temps, c’est de plonger dans cet espace intérieur qui est juste le mien, dans
le cœur, et de me mettre dans une posture de découverte, d’accueil et de pur
plaisir; et de là, faire de la place aux lectrices. Je les invite à s’assoir à
côté de moi, au lieu que de l’autre bord de la clôture : pour observer,
vivre le texte et voyager dans l’histoire ensemble.
Quels défis avez-vous
rencontrés pendant l’écriture de votre roman Les femmes de bois?
J’avais commencé à rédiger cette
histoire dans le décor d’un village côtier du Maine, aux États-Unis. Les
personnages étaient similaires, mais pas tout à fait pareils. Après avoir écrit
plus de 100 pages, j’ai décidé d’arrêter. La météo me chicotait, il fallait que
je change d’emplacement, pour un endroit où la nature était tout aussi forte,
mais où il faisait beau et chaud à longueur d’année. J’aime écrire au soleil!
Bien que j’aie hésité longtemps, j’ai tout repris du début. En fin de compte,
ça m’a permis de m’approprier encore plus mes personnages, de serrer la visse
sur la narration et de laisser aller certains aspects qui servaient moins bien
l’histoire.
Puis, les protagonistes ont
évolué au fil de l’écriture et de la révision. Guidée par mon éditrice, j’ai
notamment enlevé beaucoup de couches au personnage de Dominique, qui est
devenue plus franche dans son élan de reprise de pouvoir de soi, plus forte,
moins maladroite. Ce travail de fond, qui se répercutait dans la virgule près,
a eu un effet sur moi aussi, il m’a accompagnée pendant certaines épreuves que
je traversais dans ma vie personnelle, m’a aidée à gagner une posture plus
assumée.
Ça a été un travail de polissage
et finition, jusqu’à la publication. Et même après!
Est-ce que vous écrivez avec de
la musique, si oui, quelle est votre chanson fétiche?
Oui, j’écris souvent avec un
fond sonore. Parfois uniquement des fréquences, ou sinon des listes de lecture
de piano ou de musique zen. Quand je suis à la recherche d’une connexion rapide
au texte, j’écoute une pièce de Ludovico Einaudi qui s’appelle
« Oltremare », ça me plonge dans un flot de mots, c’est assez
immédiat. Sam Garrett, Norah Jones, Xavier Rudd, Olafur Arnalds, font aussi
partie de mes préférés.
Est-ce que vous écrivez avec de
la musique, si oui, quelle est votre chanson fétiche?
Oui, j’écris souvent avec un
fond sonore. Parfois uniquement des fréquences, ou sinon des listes de lecture
de piano ou de musique zen. Quand je suis à la recherche d’une connexion rapide
au texte, j’écoute une pièce de Ludovico Einaudi qui s’appelle
« Oltremare », ça me plonge dans un flot de mots, c’est assez
immédiat. Sam Garrett, Norah Jones, Xavier Rudd, Olafur Arnalds, font aussi
partie de mes préférés.
Quels sont vos prochains
projets?
C’est un peu tôt pour en parler,
je ne veux pas faire peur à cette nouvelle intention qui pointe à peine son
nez! Mais je sens que c’est un texte entre le roman initiatique et le récit de
mon parcours personnel. Le prochain projet va arriver au bon moment, c’est ma
seule certitude.
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